Le déclenchement de la guerre à l’été 1914 amène tous les États européens à solliciter le plus grand sacrifice de la part de leur population masculine valide. Ainsi la France sollicitera la plupart de ses citoyens de vingt ans, voire même de dix-neuf ans à la quarantaine passée, à rejoindre les rangs de l’armée active. Même si les étudiants apparaissent comme une minorité, leur départ au front marque les esprits. Ils incarnent en effet à eux seuls la jeunesse, car les étudiants sont le seul groupe social composé presque exclusivement de jeunes. Dès lors les facultés concentrent ce que l’on pourrait appeler « la jeunesse de France », scrutée notamment par les journalistes. En province, les populations estudiantines sont beaucoup moins importantes qu’à Paris. Néanmoins elles nepour lire la suite…
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Les réflexions d’un professeur de droit bordelais sur la liberté d’opinion : Duguit et la censure de presse durant la guerre de 1914-1918
La propagande occupe une place de choix dans l’histoire de la Grande Guerre, par son caractère à la fois total et spectaculaire. Aujourd’hui encore, peu de manuels scolaires abordent les années 1914-1918 sans mentionner l’expression « bourrage de crâne », décrivant le ton médiatique unanime et omniprésent au début du conflit, exacerbant l’héroïsme et les atouts nationaux tout en diabolisant – voire en ridiculisant – l’ennemi allemand. L’enjeu principal est alors de convaincre les citoyens de la justesse et du bien-fondé de la guerre. La censure, versant négatif et complémentaire de la propagande, se montre une institution tout aussi totale. Totale, car le contrôle qu’elle exerce s’étend à l’ensemble des acteurs politiques (membres du gouvernement, partis politiques), à la totalité de la production écrite (presse et édition)pour lire la suite…
Léon Duguit, la science allemande et la Grande Guerre
Pierre Marie Nicolas Léon Duguit, nait le 4 février 1859 à Libourne, en Gironde. De brillantes études, tant dans le secondaire qu’à l’université, lui permettent l’obtention du titre de docteur à vingt-deux ans. Grâce à une dispense d’âge, il est agrégé l’année suivante. Il enseigne l’histoire du droit à Caen, avant de revenir sur Bordeaux en novembre 1886. Il y fait la rencontre du sociologue Émile Durkheim, qui influencera fortement sa pensée juridique, en la teintant de sociologie juridique. En parallèle à son enseignement, Duguit s’engage en politique. Il se réclame du courant « solidariste » de Léon Bourgeois, représenté à Bordeaux par Durkheim. Selon Duguit, le juriste détient un rôle social, celui de « guide » à l’égard du législateur du fait de ses découvertes de lois sociales.pour lire la suite…
La perception de la science allemande au sein de l’université bordelaise, durant la Grande guerre
Le 8 décembre 1870, Bordeaux, ville de province excentrée des combats qui opposent la France aux puissances allemandes, accueille dans ses murs la délégation du gouvernement durant deux mois. Son éloignement du front est un atout, auquel s’ajoutent ses bonnes relations avec l’Angleterre, lui permettant de se procurer du matériel nécessaire à l’effort de guerre. C’est à cette période que la faculté de droit de Bordeaux – « grande oubliée » de l’Université impériale napoléonienne – ouvre de nouveau ses locaux après presque un siècle de vide total, de 1792 à 1870, et cela, malgré la demande répétée du barreau de Bordeaux pour obtenir sa réouverture. Mais elle n’assume véritablement ses fonctions qu’au milieu de l’année 1871, bien après le départ du gouvernement donc. La guerre de 1870pour lire la suite…
Gustave Chéneaux, « rien que du bien à dire de lui »
Le 29 avril 1920, face à une assemblée d’étudiants et de professeurs de la faculté de droit de Bordeaux, le doyen Léon Duguit prononce un discours dans lequel il rend hommage et pleure la disparition de l’un de ses collègues, le professeur de droit civil Gustave Chéneaux. Publié par la suite, ce discours suscite chez le lecteur des sentiments contrastés, tant la volonté de justifier la boucherie qu’a été cette guerre transpire dans la parole de l’éminent juriste. Cela étant, les propos de Duguit sont empreints d’une véritable tendresse et d’une tristesse palpable lorsqu’ils s’attardent sur la personnalité de cet enseignant, « tué à l’ennemi » le 29 avril 1915 près de Verdun. C’est d’abord la simplicité du disparu, son opiniâtreté et sa force de travail quepour lire la suite…
Charles Le Coq de Kerland père et fils : deux générations de juristes mobilisées, depuis l’amphithéâtre jusque dans les airs
La déclaration de la guerre le 1er août 1914 déclenche la mobilisation générale. Le nombre d’hommes âgés de 20 à 38 ans appelés à rejoindre les rangs de l’armée s’élève à plus de 3 800 000. Toutefois l’ampleur de la contribution des Français au conflit ne se résume pas à la gourmandise de l’institution militaire. En effet l’ensemble de la société française se mobilise dans l’Union sacrée. Pendant plus de quatre ans, ce sont en effet les membres de familles entières, combattants et civils, qui voient leurs activités guidées par l’espoir de la victoire. Ceci en réponse aux sollicitations du Gouvernement, qui oriente tous les secteurs de la vie sociale vers le conflit et met en place une propagande de guerre, mais aussi un appelpour lire la suite…
Les femmes étudiantes et le milieu associatif étudiant à Bordeaux
Les universités françaises restent peu accessibles aux femmes. La faculté de Bordeaux créée en 1441, puis (re)créée en 1870 après sa suppression en 1793 illustre l’absence de mixité. L’étude de L’université de Bordeaux dans la Grande Guerre est un bon exemple pour dépeindre l’entrée des femmes – ces pionnières – dans l’enseignement supérieur français et leurs engagements en tant que membres actifs d’associations étudiantes. En France, Emma Chenu et Julie-Victoire Daubié sont les deux premières étudiantes. Respectivement inscrites pour la première en licence de sciences et mathématiques en 1867, pour la seconde en licence de lettres en 1871 (première française à être reçue bachelière à la faculté de Lyon en 1861). En droit il faut attendre 1884 pour que deux femmes (l’une russe et l’autrepour lire la suite…
Raymond Thamin (1857-1933) : Mémoires du recteur de l’académie de Bordeaux dans la Grande Guerre
Scrutant le passé en quête d’informations sur la faculté de droit de Bordeaux pendant la Grande Guerre, l’historien ne peut qu’être interpellé par la découverte d’une figure méconnue qui fut pourtant une personnalité publique importante dans l’histoire de la Troisième République. En effet, Raymond Thamin, recteur de l’académie de Bordeaux pendant la Grande Guerre, est un intellectuel ayant eu une carrière exceptionnellement brillante. Élève de l’école normale supérieure (1877), agrégé de philosophie (1880), docteur ès lettres avec une thèse sur Saint Ambroise et la morale chrétienne au ive siècle (1896), maître de conférences à la faculté de lettres (1884) et professeur au lycée Condorcet de Lyon (1894), auteur notamment d’un ouvrage en philosophie de la pédagogie intitulé L’éducation et le positivisme, couronné par l’Académie despour lire la suite…
Supprimée, provisoire, consacrée : la difficile renaissance de la faculté de droit à Bordeaux
Ayant connu assez tôt l’expérience de l’enseignement avec son auditorium et les cours d’Ausone (≃ 310-394) au ive siècle de notre ère, Bordeaux doit pourtant attendre longtemps avant de voir l’ouverture de sa première université officielle. Ville riche d’un port marchand à l’importante activité, ce n’est qu’au xve siècle que l’enseignement du droit y est dispensé dans l’Universitas Burdigalensis. Sa structure restera sensiblement identique pendant près de 350 ans avant d’être balayée par les élans révolutionnaires. La cité connaîtra nombre d’arrêtistes/jurisconsultes de renom tels que Nicolas Boerius (1469-1539), Bernard Automne (1574 ?-1666), Étienne Cleirac (1583-1657), Abraham Lapeyrère (1598 ?-1690 ?), ou encore le célèbre parlementaire Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu (1689-1755). La Révolution de 1789 entraîne, à Bordeaux comme ailleurs, la disparitionpour lire la suite…