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Aux étudiants, devenus soldats, partis sur le front et tombés au combat, les facultés de droit entendent rendre hommage. Les doyens au nom de leur institution font œuvre mémorielle avec notamment la rédaction de livres d’or et l’érection de monuments commémoratifs. Malgré une intention commune, les réalisations sont diverses. Ces entreprises sont longues, elles courent jusqu’au milieu des années 1920, difficiles en raison de la collecte des informations et parfois inachevées au regard des ambitions initiales.
Hommages et cérémonies
« Discours prononcés par M. Peretti, étudiant en droit, et par M. Larnaude, doyen de la faculté, à la cérémonie de remise de la palme en mémoire des étudiants morts pour la France. [8 juillet 1915] », Registres de délibérations du conseil et de l'assemblée de la Faculté de Droit de Paris , séance de l'assemblée du 16 juillet 1915.
Archives nationales, cote AJ/16/1799.
A la faculté de droit de Paris, dès septembre 1914, des tableaux avec la liste des morts, mis à jour régulièrement, sont installés dans l’entrée principale. Mais la première cérémonie d’hommage à ces étudiants a lieu le 8 juillet 1915 avec la remise d’une palme offerte par les étudiants de la faculté pour leurs camarades morts au champ d’honneur. Les discours du représentant des étudiants et du doyen Ferdinand Larnaude retranscrits ici sont imprégnés de l’idée de la guerre du droit.
Transcription : « Monsieur le Doyen,mesdames,m.m. les Professeurs,m.m.« Il va donc être permis au statutaire de substituer au ‘Gloria Victis’ la claironnante ‘Gloire aux Vainqueurs’ pétrie de la terre des tranchées ! Ce rêve que l'artiste faisait passer au-dessus du bivouac endormi est donc devenu la réalité ! C'est que la France n'admettra jamais que son cycle de grande nation soit, comme son ennemi l'affirme, entièrement parcouru – sa loi d'éternel devenu ne lui permet-elle pas de crier que l'âge d'or de sa destinée n'est pas dans le passé mais bien dans l'avenir !Rénové, le pays apportera à ceux qui sont morts pour lui le tribut solennel de sa reconnaissance. Nous n'avons pas voulu cependant pour ceux-là de l'anonymat de l'ossuaire, […] »
« Discours prononcés par M. Peretti, étudiant en droit, et par M. Larnaude, doyen de la faculté, à la cérémonie de remise de la palme en mémoire des étudiants morts pour la France. [8 juillet 1915] », Registres de délibérations du conseil et de l'assemblée de la Faculté de Droit de Paris , séance de l'assemblée du 16 juillet 1915 (suite).
Archives nationales, cote AJ/16/1799.
Transcription : « […] fiers de nos disparus, nous venons pieusement déposer cette palme à leur grande mémoire. Salut à vous qui, le jour de l'appel aux armes, possédant dans toute leur intensité ces intangibles principes de droit que de savants maîtres vous avaient enseignés ; le cerveau tout rayonnant de ces idées, forces qui sont le fruit de la vraie culture et désignent l'idéal sûr, êtes accourus à la Frontière pour faire triompher par le monde le vieil adage ‘Le Droit prime la Force.’ Salut à vous qui nous faites aujourd'hui presque honte lorsqu'il s'agit de célébrer paisiblement vos angoisses et vos souffrances qui vous ont hausser au plus beau des martyrs !!! Vos noms ? Il ne les faut pas citer. En oublier un serait sacrilège. Tous c'est en vous souvenant qu'une nation est une âme, que la France de demain devait être faite de plus de morts que de vivants, qu'allègrement sur l'Yser, en Champagne, en Argonne vous avez été nos superbes défenseurs : merci ! Son passé n'était-il pas imprégné de cet orgueil insensé qui poussait Barberousse à la Monarchie Universelle et qui faisait écrire à Frédéric List au xix e siècle : ‘Mon pays sera parfait le jour où il comprendra la Belgique, la Hollande et la Suisse.’L'Allemagne n'a donc pas renoncé à ses traditions.Vous n'avez pas oublié les vôtres !N'étiez-vous pas les frères de Bara et les descendants du grand Renaud de la chanson de Roland qui aux siens laissa en adieu :‘Tu diras à mes fils qu'ils songent à bien faire.’(8 juillet 1915)Discours de Mr le Doyen.Au nom de la Faculté de Droit de l'Université de Paris, éprouvée par tant de pertes cruelles, mais si fière du courage indomptable de ses étudiants, de ses jeunes maîtres et de ses employés morts au Champ d'Honneur, cités à l'ordre du jour ou décorés, je vous remercie de votre pieuse pensée.La palme que vous leur offrez magnifie leur glorieuse mémoire.Emblème du triomphe du sacrifice et de l'immortalité, elle remplace les voiles de deuil dont nous avions dans le […] »
« Discours prononcés par M. Peretti, étudiant en droit, et par M. Larnaude, doyen de la faculté, à la cérémonie de remise de la palme en mémoire des étudiants morts pour la France. [8 juillet 1915] », Registres de délibérations du conseil et de l'assemblée de la Faculté de Droit de Paris , séance de l'assemblée du 16 juillet 1915 (fin).
Archives nationales, cote AJ/16/1799.
Transcription : « […] premier élan de notre douleur, entouré les noms de nos chers disparus, et constitue à la fois un encouragement et un symbole.Elle proclame que, dans cette maison, asile du Droit, tous jeunes et anciens, élèves et maîtres, employés et chef, nous avons l'âme illuminée par une même pensée, la pensée de vaincre !Et nous vaincrons, parce que nous en avons la volonté et parce que cette victoire est nécessaire au monde.Elle est nécessaire pour que la civilisation ne périsse pas, pour qu'elle ne sombre pas dans le gouffre d'horreurs, d'atrocités sans précédents, de crimes, dont chaque jour nous apporte une forme inédite, dans lequel un peuple, à jamais déshonorer voudrait la précipiter.Mais cette palme est aussi un symbole.De même que la branche de l'arbre du désert se relève toujours d'elle-même, quelque effort qu'on fasse pour la courber, de même la France ne cède, un instant, que pour se redresser plus fière et ajouter à sa destinée, déjà si chargée de gloire, dans les siècles passés, une gloire nouvelle.À cette gloire, fruit de combats dont le profit n'a jamais été le but et qui n'a jamais servi que les plus nobles intérêts, encore plus ceux des autres peuples que les siens, vous êtes associés pour toujours, jeunes héros, tombés au champ d'Honneur ; vous dont le sang a coulé pour la plus noble des causes !Vos noms que nous inscrirons plus tard, sur le marbre, en lettres d'or, apprendront aux générations qui vont vous succéder que vous avez dû mourir pour la défense du Droit !À cette question : est-ce le Droit ou la Force, par qui sera gouvernée l'humanité ? question qui devrait lancer dans l'arène tous les peuples qui ne veulent pas porter le joug, vous avez répondu, vous, en donnant votre vie !Et d'autres sont prêts, ici, autour de moi, noblesse nouvelle qui se lève, à vous suivre dans le sacrifice !Non, ainsi défendu, le Droit ne peut pas périr !Non le droit éternel, le droit des petits peuples, le droit des humbles, le droit générateur de plus de liberté, de plus de dignité pour la créature humaine, ce droit que nous enseignons ici et qu'on enseigne dans toutes les universités françaises, ne succombera pas ! Il ne sera pas vaincu, il ne peut pas être vaincu, car il a pour soldat la France immortelle ! »
« Une manifestation des étudiants roumains à la faculté de droit », Le Temps , n° 20168, 24 septembre 1916.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
La Roumanie entre en guerre aux côtés de l’Entente le 27 août 1916 et décrète la mobilisation générale. Les étudiants roumains de la faculté de droit de Paris sont ainsi appelés à retourner dans leur pays pour être envoyés sur le front. Le 11 septembre 1916, avant leur départ, ils tiennent à remettre une plaque de marbre pour honorer la mémoire de leurs camarades français morts aux combats. L’article du Temps rapporte le discours prononcé par Jancovici, docteur en droit, à cette cérémonie.
« Nouvelles Religieuses à l'Insigne Basilique. Messe de Requiem », Express du Midi , n° 8341, vendredi 12 novembre 1915.
Source Ville de Toulouse, Bibliothèque municipale de Toulouse-Rosalis, cote P014
Annonce de la date de la messe annuelle pour les étudiants et les professeurs de la faculté de droit de Toulouse décédés.
« Necrologie », Le Temps , 19 décembre 1916.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Fin 1916-début 1917, des cérémonies religieuses catholiques, protestantes et juives sont organisées à l'initiative des associations d'étudiants parisiennes pour les étudiants morts au champ d'honneur.
Eglise St -Etienne du Mont. Service en l'honneur des étudiants morts pour la patrie. L'assistance , Paris, décembre 1916.
Source coll. La contemporaine, cote VAL 346/088.
Photographie de la cérémonie catholique pour les étudiants morts au champ d’honneur, évoquée dans le document précédent et tenue à Paris le 20 décembre 1916.
Eugène Hubert, Discours [Ouverture solennelle des cours 1919] , Liège, 21 janvier 1919
Source ULiège
Document numérisé
consultable ici .
Prenant son poste de recteur de l'université de Liège, Eugène Hubert est chargé de prononcé le discours pour la réouverture des cours après la guerre, en janvier 1919. Il profite de cette prise de parole pour rendre hommage aux étudiants morts au combat.
Monuments aux morts
« Loi relative à la commémoration et à la glorification des morts pour la France au cours de la grande guerre »Journal Officiel de la République , 26 octobre 1919.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Si dès la fin de la guerre, les communes et les associations multiplient les efforts pour rendre hommage à leurs morts à travers l’érection de monuments, une loi est finalement passée le 25 octobre 1919 pour encadrer les différents outils mis en œuvre par la Nation pour honorer ses morts, livres d’or, registres déposés au Panthéon ou monuments aux morts.
« La Faculté de droit à la guerre. [Discours de Maurice Hauriou du 24 juin 1919] », L'Express du Midi , 25 juin 1919.
Source Ville de Toulouse, Bibliothèque municipale de Toulouse-Rosalis, cote P014.
Engagée dans la réalisation d'un livre d'or pour rendre hommage aux étudiants morts pour la France, la faculté par la voix de son doyen commémore pour une première fois leur mémoire. Maurice Hauriou rappelle l'importance des sacrifices collectifs et individuels par l'établissement de cette "liste funèbre et glorieuse".
« Tableau d’honneur des étudiants de l’Université de Toulouse morts pour la France », Le Cri de Toulouse , 13 mars 1920.
Source Ville de Toulouse, Bibliothèque municipale de Toulouse-Rosalis, cote P3676
Alors qu’un tableau d’honneur provisoire est inauguré à la faculté en juin 1919, Le Cri de Toulouse publie en 1920 dans ses pages ce Tableau d’honneur des étudiants de l’université de Toulouse morts pour la France , dressé par les responsables de la rubrique estudiantine du journal.
« Tableau d’honneur des étudiants de l’Université de Toulouse morts pour la France », Le Cri de Toulouse , 13 mars 1920 (fin).
Source Ville de Toulouse, Bibliothèque municipale de Toulouse-Rosalis, cote P3676
« La région - Aux familles d'étudiants en droit », Le Cri du Nord et des régions libérées , 1ere année, n. 57, 22 septembre 1919.
Source Bibliothèque municipale de Lille, cote JX 208.
Le document numérisé est
consultable ici .
Comme à Paris et à Toulouse, le doyen de la faculté de droit de Lille transmets à la fin de la guerre aux familles des étudiants des circulaires afin d'évaluer les pertes des disparus au combat. Il relait ce recensement par un appel qui parait dans la presse à l'automne 1919. Au-delà de l'objectif de dresser un état des lieux de la faculté après-guerre, ce projet dessine déjà le travail de mémoire et de reconnaissance des étudiants-soldats qui mènera à la mise en place de plaques commémoratives dans les universités.
Faculté de droit de l'université de Lille - 1914-1918 - Morts pour la France [Plaque commémorative].
Source Thierry Coisne (site : MemorialGenWeb).
La faculté de Lille participe au travail de mémoire des 'Morts pour la Patrie' en apposant une plaque commémorative sur laquelle résident ensemble professeurs, étudiants et agent de service disparus au combat. Louis Boulard, professeur d'histoire de droit, y figure, ainsi que sur les plaques de la faculté de droit de Paris, où il a enseigné, et du monuments aux morts de Vannes, terre de son épouse.
Adrien Antoniol, Bâtiment A – Hall des marbres, monument aux morts de l’ULB [Photographie] , s.d.
Source ULB-DBIS
Adrien Antoniol, Statue du monument aux morts de l’ULB - Hall des marbres [Photographie], s.d.
Source ULB-DBIS
15-3-25, monument aux morts de la faculté de droit , Agence Rol, 1925.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Pour rendre hommage aux étudiants et anciens étudiants de la faculté de droit de Paris morts au champ d’honneur, deux plaques de marbres portant leurs noms sont réalisées et installées pour la rentrée 1923. Si la question d’une cérémonie d’inauguration se pose à l’assemblée de la faculté dès décembre de cette année-là, elle ne se concrétise qu’en 1925.
[Tract pour la cérémonie d'inauguration du monument aux morts] « Université de Paris - Faculté de Droit - Étudiants ! », mars 1925.
Source bibliothèque Cujas, cote ARCHIVES 146.
Attendue depuis décembre 1923, l’inauguration du monument aux morts de la faculté de droit de Paris est finalement annoncée pour le 15 mars 1925, mais l’affaire Georges Scelle éclate. La date est maintenue, mais des tracts comme celui présenté ici sont distribués, demandant une sorte de trêve autour de l’hommage rendu aux morts et annonçant une cérémonie qui se fera quasiment à huis-clos entre officiels et familles des étudiants.
Le souvenir. Monsieur Gaston Doumergue, Président de la République, préside une cérémonie commémorative en l’honneur des morts de la Faculté de Droit à Paris , Journal Gaumont Actualités, 15 mars 1925.
Source Gaumont Pathé Archives, référence 2512GJ 00002.
La cérémonie à la faculté de droit de Paris a donc lieu le 15 mars 1925, sous la présidence de M. François-Albert, ministre de l’Instruction publique et des beaux-arts, et en présence notamment de M. Gaston Doumergue, président de la République.
« Le monument aux morts de l'Association des Étudiants de Paris sera-t-il un jour inauguré ? », Journal des mutilés, réformés et blessés de guerre , 19e année, n° 933, 16 décembre 1934.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
L’Association générale des étudiants de Paris fait réaliser au début des années 1920 un monument aux morts pour les étudiants tombés au combat. La création est confiée au sculpteur Joanny Durand qui la livre. Mais le monument n’est jamais inauguré et est retrouvé en 1932 dans le garage de la Maison des étudiants rue de Tournelles. Le motif principal est apporté en 1934 dans la cour de la faculté de droit où il finit par être installé.
Le monument aux morts de l’Association générale des étudiants de Paris est transporté dans la cour de la faculté de Droit , Actualités Pathé, 12 décembre 1934.
Source Gaumont Pathé Archives, référence RO 33 4.
Cette vidéo montre le transfert du monument de l’Association générale des étudiants de Paris à la faculté de droit.
Livres d’Or
Livre d'or de la Faculté de Droit de Toulouse - Couverture.
Source Archives de l’Université Toulouse 1 Capitole – Série Z, registres patrimoniaux.
Le livre d’or de la faculté de droit de Toulouse se présente sous forme d’un gros volume gainé de cuir marron, à la première page de couverture ornée d’un bandeau de fleurs dorées et enrichie d’un passage emprunté à l’Enéide : Manibus date lilia plenis , « Donnez des lys à pleines mains ».
Livre d'or de la Faculté de Droit de Toulouse - Première page.
Source Archives de l’Université Toulouse 1 Capitole – Série Z, registres patrimoniaux.
Première page du Livre d’or qui est restée sous forme manuscrite. Au cours de la séance du 2 décembre 1918, le doyen « fait connaître à ses collègues que les dossiers relatifs à l’établissement du Livre d’or sont à peu près réunis et notamment ceux des étudiants de la Faculté de Droit qui sont morts pour la France. » Il est définitivement réalisé en 1925. Le Livre d’or mentionne 229 noms. Ce document se présente, sans texte introductif, sous forme d’une liste alphabétique des étudiants morts pour la France. Diverses indications sont portées pour chacun d’eux : état civil, scolarité, grade, parfois la profession, date et lieu du décès, décorations et citations s’il y a lieu.
Livre d'or de la Faculté de Droit de Toulouse , notice sur Charles Alric.
Source Archives de l’Université Toulouse 1 Capitole – Série Z, registres patrimoniaux.
Notice de Charles Alric (1894-1916) dans le Livre d’or de la Faculté de droit de Toulouse. Lauréat de la Faculté à plusieurs reprises, il obtient sa licence en 1913 et devient avocat. Il est cité en exemple par le doyen Hauriou à plusieurs reprises au cours du conflit et en 1919 au cours de l’inauguration du monument provisoire dédié aux morts de la Faculté.
Livre d'or de la Faculté de Droit de Toulouse , notice sur Louis Deloume.
Source Archives de l’Université Toulouse 1 Capitole – Série Z, registres patrimoniaux.
Notice de Louis Deloume (1893-1915) dans le Livre d’or de la Faculté de droit de Toulouse. Il appartient à une famille de juristes toulousains et professeurs à la Faculté de droit au XIXe siècle. Son grand-père, Antonin Deloume, a été doyen de 1906 à 1911. L. Deloume a été licencié en droit en 1913, il est avocat en 1914. Il meurt dans une contre-attaque allemande le 30 septembre 1915.
Marc Araou, 2470412.
Source Archives départementales de la Haute-Garonne, cote ADHG 3160W247, p. 412.
Photographie de Marc Araou (1896-1918) en tenue de pilote. Inscrit en première année de licence en droit en 1914, il s’engage le 4 janvier 1915 et « demande à partir au front ». Blessé, il continue à servir son pays en devant pilote en 1917 et intègre l’escadrille n° 150. Victime d’un accident, il est évacué et meurt le 28 mai 1919. La reconnaissance de son statut de « mort pour la France » oppose le doyen Hauriou à l’état-civil de Béziers qui demande à ce que sa famille fasse la demande d’une telle inscription sur l’acte de décès. Marc Araou figurera dans le Livre d’or mais son nom ne sera pas inscrit sur le monument des étudiants de la Faculté de droit de Toulouse en raison des lenteurs administratives.
Le Doyen de la Faculté de Droit à Monsieur l'Officier chargé des effectifs au 117e Régt d'artillerie lourde [Lettre du doyen Hauriou à la recherche d'informations sur Ferdinand Ducassou], Toulouse, 24 mars 1922.
Source Archives départementales de la Haute-Garonne, cote ADHG 3160W329, p. 73.
Lettre adressée par le doyen Hauriou le 24 mars 1922 à l’officier chargé des effectifs au 117e Régiment d’artillerie lourde pour recueillir des informations sur Ferdinand Ducassou. Il n'a été étudiant à Toulouse qu’une année (1910-1911). Après de nombreuses démarches administratives, les informations sur le parcours de Ducassou sont finalement obtenues, mentionnant son décès suite à des blessures le 3 mars 1920 à l’hôpital Saint-Pierre de Marseille.
Transcription : « Faculté de droit. Université de Toulouse. Toulouse, le 24 mars 1922Le Doyen de la Faculté de Droit à Monsieur l'Officier chargé des effectifs au 117e Régt d'artillerie Lourde.En vue de l'établissement du ‘Livre d'Or’ de notre Faculté de Droit, je vous serais reconnaissant de me fournir tous les renseignements que vous pourriez posséder sur M. Ducassou (Ferdinand-Jean) né le 27 novembre 1885 à Carcassonne mobilisé le 2 août 1914 comme brigadier-fourrier au 16e dragon, plus tard affecté au 117e R.A.L.grièvement blessé aux combats durant Verdun (à une date inconnue) et décédé des suites de ses blessures à l'hôpital St Pierre à Marseille (à une date inconnue)Le Doyen,M. Hauriou »
[Lettre du doyen Hauriou à la recherche d'informations sur Louis Crouzet-Rayssac], Toulouse, 18 décembre 1916.
Source Archives départementales de la Haute-Garonne, cote ADHG 3160W347, p. 21.
Courrier du doyen Hauriou adressé au père de Louis Crouzet-Rayssac le 18 décembre 1916 pour recueillir des informations sur la vie de son fils. La réponse parvient en janvier 1917. Le père de Louis Crouzet-Rayssac indique que son fils, licencié en droit le 19 juillet 1910, a terminé les deux premières années de doctorat en droit. Sa thèse, a été inscrite au secrétariat de la Faculté, mais n’avait pas encore été soutenue le 2 août 1914, date de la déclaration de guerre. Il mentionne encore que son fils est réformé mais qu’après six infructueuses tentatives il est devenu engagé volontaire en tant qu’artilleur au 9e régiment d’artillerie de campagne (17 septembre 1914). Malade (double congestion pulmonaire en octobre 1914), il est grièvement blessé le 20 juillet 1916. Son père informe le doyen Hauriou que Louis Crouzet-Rayssac est mort le 21 juillet 1916.
Livre d'or de la Faculté de Droit de Paris , [s.n.], 1925.
Bibliothèque Cujas, cote 59.304. Document numérisé
consultable ici .
L’idée d’un livre d’or émerge à la faculté de droit de Paris avec la réception des premières nouvelles d’étudiants morts au combat. Des documents sont rassemblés à partir de la fin 1914-début 1915. La concrétisation prend cependant du temps, et l’ouvrage est finalement rédigé en 1924 et imprimé en 1925. Il contient le nom des quelques 700 étudiants, anciens étudiants, professeurs et membres du personnel morts pour la France. La rédaction de la préface est une des dernières occasions pour Ferdinand Larnaude de faire la promotion de la guerre du droit. [Lettre de Larnaude à propos d'un ancien étudiant syrien mort au combat], Le Temps , 12 octobre 1915, n° 19820.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
En octobre 1915, ayant lu dans Le Temps la nouvelle de la mort au champ d’honneur d’un étudiant syrien, ancien étudiant de la faculté de droit de Paris, le doyen Ferdinand Larnaude tient à envoyer au journal un hommage de la faculté. Il évoque au passage un livre d’or des étudiants étrangers qui serait réalisé après la guerre. Celui-ci ne verra jamais le jour, et Mohammed Mortada Mahmassani ne figure pas au livre d’or de la faculté de droit de Paris.
Livre d'or de l'université de Gand. Aux étudiants morts pour la patrie : 1914-1918 - Couverture
Source Bibliothèque universitaire de Gand . Document numérisé consultable ici .
Le Liber Memorialis de l’université de Gand a été publié en 1922, un an après l’inauguration des plaques commémoratives le 21 janvier 1921. Il s’ouvre sur les discours de la cérémonie et sur une ode aux étudiants morts durant le conflit, puis associe à chacun de leur portrait une photographie, leur scolarité, leur grade dans l’armée, les circonstances de leur décès et les décorations qui leur ont été octroyées.