Les documents présentés ci-dessous sont en lien avec les articles accessibles ici.
On sait que la mobilisation des étudiants a laissé une place dans les amphithéâtres que les jeunes filles n’ont pas tardé à occuper. À l’image de ce qui se passe à l’arrière, dans les facultés, les témoignages de soutien aux combattants se multiplient, ainsi que les aides aux étudiants prisonniers de guerre. Pendant tout le temps de la guerre, les facultés doivent aussi régler la question de leurs étudiants étrangers ; à la fin de l’interminable conflit, elles accueilleront pendant quelques mois des étudiants étrangers démobilisés. Elles se prépareront surtout à retrouver leurs anciens étudiants, désormais anciens combattants.
« Rugby et association », Rugby, édition de guerre, 14 avril 1917.
Source Ville de Toulouse, bibliothèque municipale de Toulouse-Rosalis, cote P5279.
Annonce d'un match de rugby à Toulouse entre une équipe d'étudiants étrangers et une d'étudiants français.
« Régime scolaire des étrangers après la guerre », Registres de délibérations du conseil et de l'assemblée de la Faculté de Droit de Paris, séances de l'assemblée du 15 et du 18 décembre 1917.
Avant même la fin de la guerre, la question des étudiants étrangers est une des importantes préoccupations de la faculté de droit de Paris, qui fait du développement de ses relations internationales une priorité. Preuve en est, deux séances de l'assemblée y sont consacrées.
Ces rapports nous montrent la réflexion menée sur le régime scolaire des étudiants étrangers, révélant une volonté de proposer un cursus adapté et attractif sans que celui-ci en soit dévalué.
« Étudiants », extrait de Jovan Žujović, La politique intellectuelle franco-serbe, extrait des nos 3-4 et 5-6 de la Patrie serbe, Paris : imprimerie de Vaugirard, 1918.
Source bibliothèque Cujas, cote 51.178-18.
Émue par le triste sort des combattants serbes, éprouvés par leur terrible retraite de l'hiver 1915 face à l'armée autrichienne, la France accueille en masse les ressortissants de cette nation alliée. Nombre d’entre-eux sont jeunes et reçus dans les différentes écoles et universités du pays.
À l’usage de ces étudiants et lycéens serbes répartis dans diverses villes françaises, le Comité franco-serbe publie de 1916 à 1918 une revue intitulée La Patrie serbe qui publie des articles sur l’histoire et l’ethnologie de la Serbie, des contes, des nouvelles, des poèmes, ainsi que des informations sur les groupements serbes en France et des hommages aux soutiens et amis français de la Serbie
« Étudiants », extrait de Jovan Žujović, La politique intellectuelle franco-serbe, extrait des nos 3-4 et 5-6 de la Patrie serbe, Paris : imprimerie de Vaugirard, 1918 (suite).
Source bibliothèque Cujas, cote 51.178-18.
« Étudiants », extrait de Jovan Žujović, La politique intellectuelle franco-serbe, extrait des nos 3-4 et 5-6 de la Patrie serbe, Paris : imprimerie de Vaugirard, 1918 (fin).
Source Archives départementales du Rhône, cote 1RP 1196.
L'exemple d'une fiche matricule d'un étudiant en droit de la faculté de Lyon, Pierre Aulois. Ses faits d'armes ici rapportés nous montrent la réalité des combats menés par les étudiants sur le front.
[Portrait photographique de Paul Lintier en uniforme militaire]
Source Archives municipales de Lyon, Fonds Paul Lintier, cotes 28 II6 et 28 II7
Né le 13 mai 1893, Paul Lintier est le fils du maire de Mayenne. Il fait ses études à la faculté de droit de Lyon où son oncle Edouard Lambert est professeur. Pendant son parcours estudiantin, Paul Lintier nourrit des aspirations littéraires. Lorsque la guerre éclate, il devance l'appel et part au front. Il voit dans cet évènement l'occasion d'exercer et révéler son talent. Ses notes prises sur le vif donneront lieu à la publication de deux ouvrages que l'on retrouve à la suite de ce portrait.
Le 15 mars 1916 Paul Lintier est tué par un éclat d'obus. Bien qu'elles ne connurent pas le succès de celles de Dorgelès, Barbusse ou Genevoix, ses œuvres ont fait de lui un écrivain remarqué.
À Lyon, une rue a été baptisée à son nom.
Paul Lintier, Ma pièce : avec une batterie de 75 : souvenirs d'un canonnier : 1914, préface d'Edmond Haraucourt, quatorzième édition, Paris : Plon-Nourrit et Cie, 1916.
Source numelyo.bm-lyon.fr / Bibliothèque municipale de LyonDocument numérisé consultable ici.
Ma pièce est le récit instantané de la guerre vécue par Paul Lintier au sein du 44e régiment d'artillerie de campagne où il est affecté. Publié le lendemain de sa mort, l'ouvrage est sélectionné pour le prix Goncourt qui couronnera cette année là un autre livre de guerre : Le feu d'Henri Barbusse.
Néanmoins, les qualités littéraires de Paul Lintier et la force de son témoignage sont reconnues par ses pairs, le livre obtient le prix Montyon de l'Académie française. Dans la préface de l'œuvre, l'écrivain Edmond Haraucourt s'exprime en ces termes : "Aucune littérature, ni fiction, ni éloquence, ni lyrisme mais un perpétuel accent de vérité, une simplicité grandiose".
Pablo Lintier, Mi pieza, Barcelona : Bloud y Gay, 1916.
Traduction espagnole de Ma piece.
Le témoignage littéraire de Paul Lintier fait écho à l'étranger. Le livre est traduit dans plusieurs langues. Un exemple ici avec l'édition espagnole de l'œuvre.
Paul Lintier, Le Tube 1233. Manuscrit
Source Archives privées
Publié en 1917, le second livre de Paul Lintier, Le tube 1233, est fait de notes trouvées sur son corps. L'aspect est plus brut encore que dans Ma pièce qui avait pu être retravaillé. Mais les impressions spontanées de l'auteur semblent ici avoir pris du premier coup leur forme littéraire définitive.
À la sortie du livre, Marcel Audibert écrira dans le journal Le Crapouillot : "Il forme avec Ma Pièce un admirable diptyque… Il y avait dans Ma Pièce un bel enthousiasme juvénile... Le Tube 1233 est un livre plus grave, bien plus grave..."
Une gravité que l'on retrouve dans ce passage du manuscrit du Tube 1233, à la date du 8 janvier 1916, violemment critique à l’égard des autorités tant civiles que militaires. Il a été coupé en vue de la publication.
Transcription :« Bélivier était un beau soldat. On eut dit qu’il se croyait invulnérable. Mais peut-être cette insouciance sous le danger n’était-elle que l’effet d’une maîtrise parfaite de soi.
Et voilà. Quinze mois de danger sans la moindre écorchure et la mort foudroyante, ce soir.
Ah, est-ce qu’elle ne finira pas cette boucherie ? Nous en sommes tous las, terriblement las. Et puis de terribles rancœurs s’amassent. Si nous n’avons pas la victoire après tout ce courage, tant de misères consenties, c’est que nous avons été gouvernés par des incapables. Depuis un an les alliés se sont heurtés aux fronts ennemis avec une incroyable incoordination. Et chez nous ! Peut-on admettre que la responsabilité des gouvernants soit autre qu’une responsabilité capitale ! Les hommes qui décident de nos vies, s’ils se sont montrés incapables, tranquillement vont planter [...] »
Paul Lintier, Le Tube 1233. Manuscrit (fin)
Source Archives privées
Transcription :« [...] leurs choux ! Planter leurs choux ! Nos pères agissaient autrement et ils eurent d’autres hommes. Au lieu de perspectives horticoles, ils faisaient voir aux hommes qui prenaient dans leurs mains les destinées de la République, la grande ombre de la guillotine. Certes nos gouvernants sont des hommes de bonne volonté. Comme on dit, ils font leur possible. Mais il faudrait que l’angoisse du définitif les décidât précisément à faire l’impossible, qu’ils aient du génie ou qu’ils meurent.
Oui, quand nous reviendrons, nous parlerons haut. Nous ferons taire les eunuques. Il faudra qu’on nous dise pourquoi c’est en juin 1915 qu’on découvrit qu’il fallait des canons et des munitions. Il faudra qu’on nous explique cette expédition d’Orient, cette lamentable expédition d’Orient, cette boucherie. Nous saurons si elle est le fait de traitres ou d’imbéciles. Et les uns comme les autres sont dignes de mourir ! »
« Les derniers souvenirs de Paul Lintier », dans la Gazette de Lausanne et journal suisse, n° 347, lundi 17 décembre 1917.
Source site du journal Le Temps https://www.letempsarchives.ch/
Voici un article de la Gazette de Lausanne du 17 décembre 1917 où le chroniqueur littéraire Virgile Rossel rend un vibrant hommage à Paul Lintier dont il déplore le destin tragique. Il fait une présentation élogieuse de son œuvre et des qualités littéraires du jeune auteur qui a su restituer tout en sobriété et poésie l'horreur de la guerre.
[Portrait photographique de René Lambert en uniforme militaire].
Source Archives départementales du Rhône
Fils aîné du professeur Edouard Lambert, René Lambert est un étudiant de la faculté de droit de Lyon lorsqu'il est appelé sous les drapeaux en 1916. Comme son cousin, Paul Lintier, et nombre de ses camarades, il n'en reviendra pas. En juin 1918, il est porté disparu.
Ses carnets de route, dans lesquels il consignait son expérience de la guerre, ainsi que sa correspondance, constituent un témoignage éclairant sur le vécu des étudiants au sein de l'armée. Nous vous en proposons des extraits à la suite de ce portrait.
« [Retour de permission] », Carnet de route de René Lambert, 18 novembre 1916.
Source archives privées de la famille Lambert, en cours de versement aux Archives départementales du Rhône.
L'extrait du carnet de René Lambert suivi de sa lettre à ses parents constituent un témoignage représentatif de ce que pouvaient ressentir certains étudiants-soldats pendant la guerre.
Condamnant les discours enjoliveurs de ceux restés à l'arrière, René Lambert dépeint la triste réalité de son quotidien dans l'armée. En plus de souffrir de la dureté des conditions et de l'abrutissement de ses tâches journalières, sa différence sociale semble l'isoler. Ses livres de droit et ses examens, comme un fil le raccordant à sa vie civile et intellectuelle dont il est nostalgique, sont la seule chose qui l'anime.
Transcription : « … Romain, 14 novembre (1916)
Je rentre aujourd’hui de permission. Ce n’est pas très amusant, surtout que je ne regrette pas le mauvais emploi de ma permission.
Comme mes parents ont été rudement surpris de me voir !
Je les avais bien prévenu que je ne tarderais pas à aller en permission, mais je ne leur avais pas écrit le jour de mon apparition. Mon frère l’avait dit, le matin de mon arrivée, que je m’amènerai probablement le soir. Personne n’avait attaché d’importance à cette prophétie.
C’est court, neuf jours de permission. On a juste le temps de goûter à ses anciens plaisirs, de se retremper dans la vie familiale. Mais on n’ose pas s’y habituer : on a l’impression que c’est trop instable. On se sent comme en voyage.
D’ailleurs à Lyon, je ne retrouve aucun de mes anciens camarades. La rue de la République que j’aimais tant faire auparavant n’offre pour moi aucun intérêt. Les premiers jours, je n’y retrouve aucune figure connue, comme à la Faculté, à l’A.G. (Association générale des Etudiants), les types que je rencontre sont pour moi presque tous des inconnus.
Je suis très heureux d’avoir rencontré un type que j’avais un peu connu au lycée ; Crozier, à l’heure actuelle aspirant au 133e d’infanterie. Nous causons avec lui des anciens camarades. C’est avec un peu de regret que nous constatons qu’ils sont presque tous embusqués.
Ce qui est triste, c’est la mentalité des gens que la guerre n’atteint ni dans leurs intérêts, ni dans leurs affections. Une dame qui dînait l’autre jour à la maison ne nous a-t-elle pas servi cette phrase...[...] »
« [Retour de permission] », Carnet de route de René Lambert, 18 novembre 1916 (fin).
Source archives privées de la famille Lambert, en cours de versement aux Archives départementales du Rhône.
Transcription : « [...] « c’est curieux, notre ami P… qui est dans les automobiles a dit qu’il y avait des fantassins qui étaient très heureux d’être dans les tranchées. »
Il est malheureux que les boniments des bourreurs de crâne à la Barrès prennent de cette façon. Les gens de l’intérieur se font trop souvent une idée absolument extraordinaire de la guerre.
Je lui ai répondu que si la guerre durait, c’était la faute aux fantassins qui ne s’étaient jamais trouvés aussi heureux.
Ce n’était pas très fort. Je ne sais pas si elle a compris. Mes derniers jours de permissionnaire se sont passés à faire des ballades (sic) avec ma marraine d’élection.
Malheureusement, lundi matin il m’a fallu partir. C’est triste. Mes parents sont venus m’accompagner jusqu’à la gare. Mais je les ai prié de partir avant. C’est vraiment trop long et trop triste, ces adieux. Il vaut mieux brusquer un peu.
Puis ça et le voyage de retour dans le train de permissionnaires, plein mais bien morne. Je n’ai songé durant tout le voyage qu’à me faire évacuer et le plus tôt possible. C’est bête de ne pas réagir plus fort.
Seveux, la gare régulatrice, me rappelle déjà le front avec sa tour, ses baraques en bois où l’on débite du mauvais vin et diverses saletés comestibles.
A Bayon, le cafard devient intense. On débarque à deux heures. Il bruine. Rien n’est ouvert, pas un café, pas un cantonnement. Pour attendre le matin, je me couche sur la banquette d’un camion. Il fait froid.
18 novembre
Vraiment, j’ai toujours un peu le cafard. D’ailleurs, ce n’est pas la vie véritablement abrutissante que nous menons ici qui pourrait me le faire passer. Je n’ai en particulier rien à faire comme fourrier. Je suis resté ici soi-disant pour me mettre au courant ; en réalité je passe mes journées à écrire, à (un mot illisible) et à fumer d’innombrables cigarettes. Je me mets à boire du vin, sans grand plaisir d’ailleurs, mais j’y suis obligé pour ne pas me distinguer. C’est l’abrutissement presque complet. »
[Lettre de René Lambert à ses parents], 25 janvier 1918.
Source archives privées de la famille Lambert, en cours de versement aux Archives départementales du Rhône.
Transcription :
« Le 25 janvier 1918
Mes chers parents,
Ma vie aux tranchées est heureusement si calme que je n’ai absolument rien à vous raconter. Le communiqué météorologique est excellent pour aujourd’hui : beau temps sur toute la ligne, on dirait une journée de printemps. Avec cela la nuit un splendide clair de lune qui facilite le travail.
Les Boches d’autre part sont très calmes et n’envoient guère de projectiles qu’en arrière : cela permet de sortir dans le boyau et de respirer un peu.
Car l’air de la sape est infect. L’eau qui tombe du toit a délayé la terre du fond en une vase infecte qui pue horriblement : ajoutez à cela 40 hommes qui vivent là-dedans et vous pouvez avoir une idée du parfum qui s’exhale : c’est loin de valoir ceux de Cotty (sic) ou de Bichara.[...] »
[Lettre de René Lambert à ses parents], 25 janvier 1918 (fin).
Source archives privées de la famille Lambert, en cours de versement aux Archives départementales du Rhône.
Transcription :« [...] J’ai presque fini l’étude de mon bouquin de droit civil. J’espère en être quitte à la fin du mois. Malheureusement, s’il se passe encore longtemps avant que je ne puisse me présenter à l’examen, et surtout si cette période est assez agitée, j’ai bien peur qu’il me faille une sérieuse révision avant de pouvoir me présenter. J’espère avoir mon bouquin de droit romain lorsque je serai au repos, comme cela je pourrai immédiatement l’entamer.
J’ai reçu le Casanova et aussi le pâté de foie gras auquel j’ai déjà presque achevé de faire un sort. Merci bien.
Bons baisers à tous,
René Lambert »
Jean L'Hiver, "Portrait de Raymond Cottineau", extrait de Le Beau Sacrifice, Paris, Librairie académique Perrin, 1922.
Source Collection privée
Ce portrait de Raymond Cottineau, étudiant de la faculté de droit de Bordeaux, est celui présenté dans son ouvrage posthume intitulé Le Beau Sacrifice, paru en 1915. Ce court recueil de 78 pages réunit les quelques poèmes que le jeune homme écrit lors de sa convalescence à l'hôpital de Parthenay après avoir été blessé en 1914. Dans Bleu horizon : pages de la Grande Guerre, l'écrivain Roland Dorgelès souligne son testament amer : "J'avais mieux dans le coeur".
La Vie aérienne, 4e année, n° 121, 6 mars 1919.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Document numérisé consultable ici.
Karl Le Coq de Kerland et Marius Ambrogi se sont rencontrés pendant le conflit au sein de l'escadrille N90. Le premier totalisant 7 victoires et le second 14, les deux hommes accèdent tous deux au statut d'« As » de l'aviation française. Ils sont ici présentés en 1919 à la une de la revue hebdomadaire intitulée La Vie Aérienne qui, comme de nombreux autres titres, atteste de la popularité dont jouissent ces chevaliers du ciel à partir du conflit. De manière presque indécente, la légende du journal souligne : « La signature de l'armistice les a arrêtés en pleine gloire ».
« [Nécrologie de André Goubet] », Bulletin des réfugiés de Nord, 2 décembre 1916.
Source Bibliothèque municipale de Lille, cote JX.209.
André Goubet, étudiant de la faculté de droit de Lille, meurt en 1916 lors de la bataille de la Somme. Au total, les deux grandes batailles de l’année 1916 ont tué plus du quart des étudiants qui figurent sur la plaque commémorative de cette faculté.
Le document numérisé est consultable ici.
Paul Demeur [circa 1962].
Source Archives de l'Université catholique de Louvain
Paul Demeur (1892-1973), engagé volontaire en 1914, alors qu'il est étudiant en droit, accomplit une partie de son cursus en passant les examens du jury central, organisés au Havre par le ministère des Sciences et des Arts aux mois de juin et de septembre 1918. Il achève son cursus à l'Université de Liège. Diplômé en 1919, il devient avocat au barreau de Bruxelles, puis avocat à la Cour de cassation. Professeur à l'Université catholique de Louvain, il dispense le cours de droit commercial et le cours de droit maritime.
Paul Demeur, « Journal de campagne », dans le Journal des tribunaux, 11 octobre 1964, p. 565.
Source archives des éditions Larcier.Document numérisé consultable ici.
Sollicité par le comité de rédaction du Journal des Tribunaux au mois d'octobre 1964, Paul Demeur rédige, de mémoire, un compte-rendu de ses quatre années de guerre. Étudiant en droit, volontaire de guerre dès le mois d'août 1914, il est affecté dans l'artillerie lourde, dite "de forteresse". Réfugié aux Pays-Bas après la prise d'Anvers, il se porte une nouvelle fois volontaire et rejoint le front. Il est versé dans le 24e régiment d'artillerie lourde. Il décrit dans son journal son quotidien de soldat et ses rencontres avec ceux qui deviendront, après la guerre, ses confrères avocats ainsi que les magistrats qu'il côtoiera au Palais de Justice, à Bruxelles.
Paul Demeur, « Journal de campagne », dans le Journal des tribunaux, 18 octobre 1964, p. 586.
Source archives des éditions Larcier. Document numérisé consultable ici.
Joseph Marie Léon Amand BASYN, [date inconnue, probablement avant le conflit]
Source Belgian War Dead Register. War Heritage Institute. Document numérisé consultable ici
Joseph Basyn, né à Bruges le 14 août 1891, est le deuxième fils de l’avocat Arthur Basyn. Il entame des études de droit à l’université catholique de Louvain avant le conflit. En deuxième année de doctorat lorsque le conflit éclate, il s’engage dans l’armée belge. Son frère cadet, Jacques Basyn (1901-1982), fera également des études de droit et deviendra en 1945 ministre des Dommages de guerre.
Tombe du sous-lieutenant Joseph Basyn à Adinkerke
Source Belgian War Dead Register. War Heritage Institute. Document numérisé consultable ici.
Pour de nombreux étudiants des universités belges, l’invasion du pays pose un frein à la poursuite de leurs études. Étant mobilisables, la plupart rejoignent les rangs de l’armée. Joseph Basyn est affecté comme sous-lieutenant au 4ème Régiment de Ligne. Il est tué le 9 juillet 1915 sur l’Yser, à proximité de la Maison du Passeur, par un éclat d’obus alors qu’il défend sa position en première ligne. Durant le conflit, il est fait chevalier de l’Ordre de Léopold et décoré de la Croix de Guerre et de la médaille de l’Yser.
Fiche de sépulture – Joseph Marie Léon Amand BASYN, Service Sépultures militaires, 1915-1925
Source Belgian War Dead Register. War Heritage Institute. Document numérisé consultable ici.
Joseph Basyn fait partie des 114 étudiants des facultés de droit belges morts pendant le conflit. Tous ont une fiche attribuée au Service Sépultures militaires, ce qui, en soi est la première marche vers l’entretien de la mémoire par les vivants. Le cas présenté ici est un exemple représentatif du déploiement du dispositif mémoriel de l’après-guerre : pierre tombale, nom inscrit sur un monument, dans un livre du souvenir, etc.
Qu’est-ce que c’est ? (published weekly by the American students of the University of Toulouse), n° 1, 19 mars 1919.
Source SCD de Toulouse-1-Capitole, bibliothèque de l'Arsenal, cote Res 400532.
À partir de 1919, l'université de Toulouse accueille 1 200 soldats américains à l'initiative de l’American University Union, de l’Young Men’s Christian Association en lien avec l’Office national des universités et des écoles françaises. Dès le 19 mars, ils publient le premier numéro de leur journal. Il connaît un succès certain. Son tirage dépasse rapidement le nombre des étudiants américains présents dans la ville et la forte augmentation des exemplaires imprimés laisse deviner la large réception d’une telle publication. Ainsi le troisième numéro est publié à 4000 exemplaires et les derniers numéros à 15000 exemplaires. Cette publication prend fin avec le 14e numéro le 30 juin 1919.
Qu’est-ce que c’est ? (published weekly by the American students of the University of Toulouse), n° 5, 16 avril 1919.
Source SCD de Toulouse-1-Capitole, bibliothèque de l'Arsenal, cote Res 400532.
Ce numéro mêle des articles en américain et en français avec notamment une « histoire de l’Amérique depuis sa fondation ». Il rend compte de l’activité des soldats-étudiants qui visitent le Sud de la France (Lourdes). Le recteur de l’université, Jacques Cavalier (1914-1922), précisait, dans le premier numéro du journal, que ce séjour universitaire devait aussi permettre la découverte de la France et de ses habitants.
Qu’est-ce que c’est ? (published weekly by the American students of the University of Toulouse), n° 7, 30 avril 1919.
Source SCD de Toulouse-1-Capitole, bibliothèque de l'Arsenal, cote Res 400532.
Ce numéro contient la reproduction du discours prononcé le 23 avril 1919 par le président Woodrow Wilson à la Conférence de paix de Paris définissant « the right of the world to peace ».
Qu’est-ce que c’est ? (published weekly by the American students of the University of Toulouse), n° 13, 11 juin 1919.
Source SCD de Toulouse-1-Capitole, bibliothèque de l'Arsenal, cote Res 400532.
La Une du journal représente la République saluant et remerciant un soldat américain. On y retrouve, comme dans les autres numéros, des rubriques littéraires, chroniques sportives, informations générales, compte rendu d’excursions et dessins.
Qu’est-ce que c’est ? (published weekly by the American students of the University of Toulouse), n° 14, 30 juin 1919.
Source SCD de Toulouse-1-Capitole, bibliothèque de l'Arsenal, cote Res 400532.
Le recteur de l’Université de Toulouse, Jacques Cavalier (1914-1922), au moment de l’accueil des soldats-étudiants, avait émis le vœu d’une « collaboration [universitaire] plus suivie » entre les deux pays. Le dernier numéro du journal, publié le 30 juin 1919, présente sur sa couverture le symbole de la relation franco-américaine qu'est la statue de la liberté. Il contient un portrait du doyen Hauriou ainsi que les noms et les photos des Américains (dont ceux à la Faculté de droit) ayant séjourné à Toulouse pendant près de trois mois.
« [Organisation de cours pour les étudiants américains] », Assemblée de la faculté de droit de Paris, séance du 26 novembre 1918.
Source Archives nationales, cote AJ/16/1799.
La faculté de droit de paris accueille elle-aussi des étudiants-soldats américains. Ce rapport de séance de l'assemblée de la faculté est un des premiers documents où il est fait mention de leur arrivée.
Transcription : « M. le Doyen fait connaître à l'Assemblée qu'il a répondu à la lettre de M. le Recteur relative à un projet de cours qui seraient faits en anglais, pour les étudiants américains, qu'il n'était pas possible d'organiser des cours de ce genre à la Faculté mais qu'il pourrait y avoir des conférences faites en français, avec explications en anglais. MM. Bourcart, Lévy-Ullmann, de Lapradelle, Collinet, seraient en mesure, la cas échéant, de faire des conférences de ce genre. En ce qui concerne l'arrivée des étudiants étrangers à la Faculté, M. le Doyen pense qu'il faudra organiser des patronages à leur intention. On devra s'occuper des étrangers plus qu'on ne l'a fait jusqu'à ce jour. Au sujet des cours-conférences projetés sur la législation de la guerre »
Louis-Henri-Gaston May, Charles Lefebvre, Cours professés à la faculté de droit de Paris aux étudiants américains (mai-juin 1919), préface du doyen Ferdinand Larnaude, Paris : M. Giard, 1921.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.Document numérisé consultable ici.
C. Bouglé, « L’université franco-américaine », Revue de Paris, 26e année, tome 3e, mai-juin 1919, p. 750.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.Document numérisé consultable ici.
Charles Petit-Dutaillis, « Relations universitaires de la France avec les États-Unis », Revue de synthèse historique, 1919.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.Document numérisé consultable ici.
« Aux écoles – Les étudiants français et américains », Le Figaro, 65e année, 3e série, n° 90, lundi 31 mars 1919.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
La presse quotidienne se fait également l’écho de cette nouvelle amitié franco-américaine. En voici un exemple avec cet article sur une fête organisée par l’Association des étudiants de Paris en l’honneur des étudiants américains. On note la présence à cet événement de plusieurs personnalités telles que Ferdinand Larnaude.
« Aux écoles – Les étudiants français et américains », Le Figaro, 65e année, 3e série, n° 90, lundi 31 mars 1919 (fin).
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Sur les millions de soldats qui sont faits prisonniers au cours de la Première Guerre mondiale, une part non négligeable de ceux-ci sont des étudiants, mobilisés ou engagés volontaires. Assez tôt durant la guerre, et jusqu’à sa fin, des aides de diverses formes sont mises en place afin de leur apporter une assistance tant intellectuelle que matérielle.
« Un geste fraternel des étudiants », Le XXe Siècle. Quotidien Belge, Le Havre, 21e année, Série nouvelle, n° 208, 8 juin 1915, p. 3.
Source Bibliothèque royale de Belgique
Parmi les premiers à tenter d'organiser une aide pour les étudiants prisonniers, figurent leurs familles, mais aussi leurs camarades d'étude.
Un exemple ici dés le printemps 1915 avec les démarches entreprises par les étudiants de l'Université libre de Bruxelles.
« [Gestion de l'aide aux étudiants prisonniers confiée au doyen Ferdinand Larnaude] », Registres de délibérations du Conseil de l'Université de Paris, séance du 25 octobre 1915.
Source Archives nationales, cote AJ/16/2589.
L’Université de Paris, après des sollicitations d’étudiants français prisonniers en Allemagne, engage des négociations avec les universités suisses pour mettre en place une forme de patronage moral, intellectuel et une assistance matérielle. Ce soutien permet aux étudiants prisonniers d’envisager une forme de poursuite d’études, dans la mesure compatible avec leur situation. Il perdure tout au long de la guerre.
La délibération présentée ici marque une étape fondamentale dans la construction de cette assistance avec la mise en place de l’Œuvre universitaire des étudiants prisonniers de guerre. Organisée en comités, celui de Paris est présidé par le doyen de la faculté de Droit, Ferdinand Larnaude, à qui l’on confie le soin d’organiser les relations avec les divers comités suisses.
« [Gestion de l'aide aux étudiants prisonniers confiée au doyen Ferdinand Larnaude] », Registres de délibérations du Conseil de l'Université de Paris, séance du 25 octobre 1915 (fin).
Source Archives nationales, cote AJ/16/2589.
« Œuvre universitaires des étudiants prisonniers de guerre », Le Temps, n° 19946, 15 février 1916.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
L’Œuvre universitaire des étudiants prisonniers de guerre est définitivement constituée le 19 décembre 1915 et s’organise de la façon suivante : le comité de Paris reçoit des Suisses les listes de demandes d’ouvrages recueillies dans les camps allemands, expédie ces livres aux comités suisses qui se chargent de les transmettre aux prisonniers. Pour assurer cette mission, un appel au don, sous forme de souscriptions ou d’envois de livres, est lancé pour soutenir l’association. Nous en trouvons un exemple ici.
Antoine Rougier, « L'organisation de l'enseignement supérieur en Suisse pour les internés universitaires », Journal des internés français, n° 14, dimanche 3 février 1918.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Juridiquement considérés comme des prisonniers, les internés en Suisse sont ces « moindre blessés » dont l’état est susceptible de s’améliorer par un séjour sur le territoire helvétique. Pour combattre leur oisiveté, ils sont invités à trouver une activité. A cette fin, les universités suisses ouvrent leurs portes aux étudiants intéressés, à condition de justifier de leur bagage universitaire.Cet article d’Antoine Rougier, professeur à la Faculté de droit de Lausanne, présente les dispositions prises par les universités suisses, pour les étudiants internés, afin de faciliter l’achèvement de leur cursus et la reconnaissance de leur formation. C’est ainsi qu’en 1918 l’université de Lausanne peut proposer aux internés français un cycle complet de cours pour les trois années de licences en droit grâce aux équivalences, et à l’organisation d’un enseignement et d’examens conformes au programme français.
Antoine Rougier, « L'organisation de l'enseignement supérieur en Suisse pour les internés universitaires », Journal des internés français, n° 14, dimanche 3 février 1918 (suite).
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Antoine Rougier, « L'organisation de l'enseignement supérieur en Suisse pour les internés universitaires », Journal des internés français, n° 14, dimanche 3 février 1918 (fin).
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
« Pour les étudiants prisonniers de guerre », Le Temps, n° 20714, 24 mars 1918.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Alors que l’Œuvre universitaire a déjà dépensé, depuis 1915, 60 000 francs pour l’acheminement de 20 000 ouvrages, elle poursuit encore en 1918 son entreprise de soutien aux étudiants prisonniers en Allemagne et lance en mars un nouvel appel aux dons dans la presse dont nous trouvons une illustration ici.
« L’hospitalité suisse – Ce qu’elle a fait pour nos internés à Lausanne », La Nation belge, 1ère année, n° 131, 1er août 1918, p. 1.
Source Bibliothèque royale de Belgique
Cet article relate le discours d'Octave Maus, attaché à la Légation de Belgique, lors d'une cérémonie avant le départ de Suisse d'un contingent d'étudiants belges et français, pris en charge alors qu'ils y étaient internés.
Exprimant sa fervente reconnaissance, Maus émet l'espoir que ces échanges forgés dans la guerre puissent augurer de nouvelles relations entre universités une fois la paix revenue.
« L’hospitalité suisse – Ce qu’elle a fait pour nos internés à Lausanne », La Nation belge, 1ère année, n° 131, 1er août 1918, p. 1 (fin).
La démobilisation : un cadre légal et des questionnements
« Propositions de la comission du régime d'études et d'examens pour les étudiants mobilisés après la guerre », Registres de délibérations du conseil et de l'assemblée de la Faculté de Droit de Paris, séance de l'assemblée du 23 mai 1917.
Archives nationales, cote AJ/16/1799.Document numérisé consultable ici.
Même si elle n’apparait pas d’abord comme prioritaire, la question de la poursuite des études pour les jeunes gens mobilisés, classe après classe, se pose dès le début de la guerre. Mais elle prend véritablement de l’ampleur en France à partir de 1917. Au début de cette année, interpellé au Parlement, le ministre de l’Instruction publique promet des aménagements pour faciliter la reprise des étudiants ayant servis sous les drapeaux. Des propositions en ce sens sont alors demandées aux facultés. A la faculté de droit de Paris, une commission ad hoc est formée en interne à la fin mars et présente son rapport à l’assemblée de la faculté à la fin mai.
Ce document et les deux suivants, extraits des procès-verbaux de l’assemblée, présentent les discussions houleuses qui accompagnent cette présentation et les votes qui lui sont liés.
« Suite de la discussion des propositions de la comission des mesures réparatrices en faveur des étudiants mobilisés », Registres de délibérations du conseil et de l'assemblée de la Faculté de Droit de Paris, séance de l'assemblée du 7 juin 1917.
Archives nationales, cote AJ/16/1799.Document numérisé consultable ici.
Les discussions qui s’étalent sur près d’un mois portent sur les modifications possibles ou nécessaires dans les programmes, les épreuves, les modes d’examen et d’inscription… Surtout, elles affichent les divergences au sein du corps professoral entre ceux qui voient dans ces mesures l’introduction d’inégalités entre les étudiants de la filière classique et ceux du futur régime spécial, et le risque de créer des diplômes au rabais, et ceux qui pointent l’impossibilité de fait de traiter les étudiants anciens soldats comme si de rien n’était.
« Suite de l'examen des propositions de la comission au sujet des mesures transitoires en faveur des étudiants mobilisés », Registres de délibérations du conseil et de l'assemblée de la Faculté de Droit de Paris, séance de l'assemblée du 14 juin 1917.
« Instructions sur la scolarité des étudiants sous les drapeaux des classes antérieures à la classe 1918 », 25 mars 1918, Journal officiel de la République française, 26 mars 1918.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.Une circulaire ministérielle à la rentrée 1917 prescrit d’offrir un enseignement particulier pour la classe 1919, afin qu’ils aient passé leurs examens avant leur incorporation en avril 1918 – ce qui avait été refusé à la classe 1918. Mais le vrai début de réponse à la promesse du ministre de l'Instruction publique faite début 1917 arrive avec cette instruction de mars 1918.
Réponse encore timide, puisqu’il s’agit presqu’uniquement de mesures de facilitation pour le passage des examens et les prises d’inscription, et qu’elles sont non prioritaires par rapport aux obligations militaires des concernés.
« [Question au ministre sur les dispositions prises pour la scolarité des étudiants des classes 1918 et antérieures, 26 mars 1918] », Journal officiel de la République française, 27 mars 1918.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.La timidité des mesures prises pour les étudiants sous les drapeaux est mise en cause dès le lendemain de la publication de l’instruction ministérielle, comme le montre cette question du député Bouffandeau au ministre Steeg. Pour le député, applaudit par l’ensemble de l’assemblée, la reconnaissance du devoir accompli, d’une part, et la prise en compte des futurs besoins de la nation après la guerre, d’autre part, impose des mesures bien plus radicales. L’idée de diplômes accélérés commence à s’imposer.
« [Question au ministre sur les dispositions prises pour la scolarité des étudiants des classes 1918 et antérieures, 26 mars 1918] », Journal officiel de la République française, 27 mars 1918 (fin).
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
« [Rapport et mesures en faveur des étudiants mobilisés des classes 1917 et antérieures, 10 janvier 1919] », Journal officiel de la République française, 16 janvier 1919.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.En France, le décret du 10 janvier 1919 réglant la situation scolaire des étudiants sous les drapeaux entérine ainsi le régime spécial pour les étudiants anciens combattants. Outre l’autorisation d’inscriptions cumulatives et l’organisation de quatre sessions d’examens par an (janvier, mars, juillet et octobre), il introduit en effet des programmes réduits sur le modèle de ce qui a été fait pour la classe 1919. Une capacité peut ainsi s’obtenir en un an, et une licence en dix-huit mois.
« [Rapport et mesures en faveur des étudiants mobiliés des classes 1917 et antérieures, 10 janvier 1919] », Journal officiel de la République française, 16 janvier 1919 (suite).
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
« [Rapport et mesures en faveur des étudiants mobiliés des classes 1917 et antérieures, 10 janvier 1919] », Journal officiel de la République française, 16 janvier 1919 (fin).
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
« Pour nos étudiants – Le nouveau régime des études universitaires », Le XXe Siècle, Bruxelles, 24e année, 25 décembre 1918, p. 2.
Source Bibliothèque royale de Belgique
En Belgique également la question de l’organisation des études après la guerre, accentuée par la fermeture des universités depuis 1914, constitue une préoccupation importante. Cet article de décembre 1918 expose le contenu du projet de loi prévu pour y répondre. Comme en France, l’objectif principal est de permettre aux étudiants de rattraper le temps de la guerre, et donc de pouvoir obtenir leurs diplômes plus rapidement, essentiellement en ajoutant une session d’examen. Les programmes ne sont par contre pas touchés.
« La vie intellectuelle de la France », (reprise d’un article du Canard enchaîné), Le Cri de Toulouse, 18 mai 1918.
Source Ville de Toulouse, bibliothèque municipale de Toulouse-Rosalis, cote P3676.Au-delà des ajustements de programmes, de conditions d’examen ou d’inscription, la question de la démobilisation interroge le hiatus entre la vie de soldat et celle d’étudiant et l’impact et les conséquences que la première a sur la seconde. C’est cette problématique qui est abordée dans les derniers documents de cette galerie.
Le sujet n’est quasiment pas abordé pendant toute la durée du conflit. Seul exemple, cet article, reprise du Canard enchainé dans Le Cri de Toulouse, moque les arguments des directeurs des grandes écoles que sont les facultés de médecine et de droit, le collège de France ou encore l’Ècole des mines pour qui la guerre serait un meilleur lieu de formation que les universités.
« La vie intellectuelle de la France », (reprise d’un article du Canard enchaîné), Le Cri de Toulouse, 18 mai 1918 (fin).
Source Ville de Toulouse, bibliothèque municipale de Toulouse-Rosalis, cote P3676.
« Les héros à l'école », Le Temps, n° 20990, 25 décembre 1918.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.Après l’armistice, la vision de la guerre et de ses conséquences sur les esprits commence à changer. L’heure n’est plus qu’à la censure et à la glorification du guerrier. On s’interroge ouvertement sur l’impact négatif qu’auront l’expérience des combats et les horreurs de la guerre sur les futurs diplômés de l’enseignement supérieur.
« Et nos étudiants ? Cest la victoire ! Mais utilisons-la pour la France intellectuelle », Le Petit Journal, 57e année, n° 20478, lundi 20 janvier 1919.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.Le président de l’Association générale des étudiants de Paris, Maurice Duramé, revient sur le sort des étudiants durant la guerre et depuis l’armistice. Les critiques sont nombreuses qui ne pouvaient être exprimées avant la fin du conflit. Ainsi, le statut d’étudiant mobilisé créé en mars 1918 n’a été appliqué qu’à la marge et est arrivé trop tard durant le conflit et l’inquiétude que fait peser l’absence de formation universitaire complète pour des milliers de jeunes gens est prégnante.
Une manifestation en l’honneur des « étudiants de la Victoire » est annoncée pour le 26 janvier 1919 à la Sorbonne, en présence de Paul Deschanel et des « plus hautes personnalités de l’Université, des Arts, de la Politique, des Lettres, des Sciences. » durant laquelle Maurice Duramé déclare qu’il aura « l’occasion d’être […] l’interprète de tous [ses] camarades ».
« Et nos étudiants ? Cest la victoire ! Mais utilisons-la pour la France intellectuelle », Le Petit Journal, 57e année, n° 20478, lundi 20 janvier 1919 (fin).
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
« Pour nos étudiants », Le XXe Siècle. Quotidien Belge, Le Havre, 3e année, n° 1065, 22 septembre 1917, p. 4
Source Bibliothèque royale de Belgique
Mais tout le monde n’a pas le point de vue de M. Duramé dans l’article précédent. Depuis Le Havre où le gouvernement belge s’est réfugié, le quotidien Le XXe siècle relaie les interrogations d’un lecteur, étudiant au front, sur la condition estudiantine quand la guerre aura pris fin.
L’interruption de la formation universitaire inquiète au niveau personnel, mais c’est surtout la question de l’avenir de la Belgique en tant que pays qui est posé. La condition des étudiants soldats est opposée à celle de ceux restés au pays sous l’occupation. Le lecteur dénonce, sans la nommer, une génération de jeunes gens qui a « profit[é] des souffrances de leurs anciens camarades » et qui seront les seuls à disposer des compétences nécessaires une fois le conflit fini pour constituer la nouvelle élite de la nation belge.
« Dans le monde estudiantin – une réunion intéressante », Le XXe Siècle, Bruxelles, 24e année, 29 novembre 1918, p. 1.
Source Bibliothèque royale de Belgique
Cette différenciation entre étudiants restés à l’arrière et étudiants ancien soldats peut même engendrer des moments de tension, comme le montre ce compte-rendu d’une réunion d’étudiants belges à Bruxelles à la veille de la réouverture des universités dans le pays.
Une motion est d’abord votée au nom de tous les étudiants, avant qu’un étudiant revenu du front intervienne pour dénoncer la légitimité de ce vote. Il est finalement décidé de surseoir à toute décision avant le retour de l’ensemble des étudiants servant encore sous les drapeaux.