Die im Folgenden vorgestellten Dokumente stehen in Zusammenhang mit Artikeln, die hier zu lesen sind.
Die Juristen der Rechtswissenschaftlichen Fakultäten tragen auf individuelle und kollektive Weise zu einem universitären Diskurs über dem Krieg bei. An erster Stelle unter Ihnen wirken die Dekane, bei Ansprachen zu jeden Vorlesungsbeginn und in ihren Schriften, zum Entwicklung eines patriotischen Diskurs aus juristischen Perspektive mit. Ihren Äußerungen während des Kriegs sind Elemente eines breiteren intellektuellen Kriegs zu betrachten.
- Dekane im Krieg – Ferdinand Larnaude und Paris
- Dekane im Krieg – Maurice Hauriou und Toulouse
- Dekane und Professoren: Figuren des juristischen Welt beziehen Stellung in der Öffentlichkeit
- Die Dekane nehmen die allgemeine anti-deutsche Position der Öffentlichkeit ein
Dekane im Krieg
Ferdinand Larnaude und Paris












![<em>Source Archives nationales, cote AJ/16/1799.</em></br></br>
<strong>Wie schon mehrmals seit Kriegsbeginn leitet Dekan Ferdinand Larnaude auch an diesem 14. November 1918 die erste Zeremonie nach der Verkündung des Waffenstillstands. Vor der Tafel, auf der die Namen der gefallenen Studenten verzeichnet sind, zollt er allen, die "an diesem Triumph des Rechts und der Freiheit mitgewirkt haben", seinen tief empfundenen Respekt. Der Krieg ist vorbei, aber ein rein juristischer Kampf wird in den Verhandlungen über die Friedensverträge noch weitergehen.</strong>
</br></br><p style="font-size: 0.95em;">
Abschrift : « M. le Doyen, en déposant une superbe gerbe de fleurs au pied des tableaux qui renferment les noms et les citations des 430 étudiants en droit, morts au champ d'honneur, a prononcé le discours suivant :</br>Le 8 juillet 1915, un hommage à la fois touchant et solennel était rendu aux étudiants à la Faculté de Droit de Paris, morts au champ d'Honneur. La piété de leurs camarades offrait […] »</p>](/wp-content/uploads/cache/2018/10/Discours-de-Larnaude-durant-cérémonie-du-14-novembre-1918-Séance-assemblée-26-novembre-1918-AJ-16-1799/1590995316.jpg)
Abschrift : « M. le Doyen, en déposant une superbe gerbe de fleurs au pied des tableaux qui renferment les noms et les citations des 430 étudiants en droit, morts au champ d'honneur, a prononcé le discours suivant :Le 8 juillet 1915, un hommage à la fois touchant et solennel était rendu aux étudiants à la Faculté de Droit de Paris, morts au champ d'Honneur. La piété de leurs camarades offrait […] »
![<em>Source Archives nationales, cote AJ/16/1799.</em>
</br></br><p style="font-size: 0.95em;">
Abschrift : « […] ce jour-là, à ces martyrs du droit, une palme de bronze, symbole de leur sacrifice et de leur gloire !</br>
Le 11 septembre 1916, leurs camarades roumains renouvelaient cet hommage, en entrant eux-mêmes dans la sainte croisade de la liberté.</br>
Aujourd'hui, au lendemain de l'armistice, qui consacre la plus éclatante victoire du droit que l'humanité ait encore vue, nous venons de nouveau, professeurs et étudiants, dire à ces vaillants, dont les ombres augustes et magnifiques flottent au-dessus de nos têtes, notre douleur de ne plus les voir parmi nous ; nous venons dire à leur familles la part que nous prenons à leur deuil ; nous venons dire aussi notre orgueil de savoir qu'ils ont collaboré à ce triomphe du droit et de la liberté.</br>
430 étudiants de la faculté ont fait, pendant ces quatre années, l'offrande de leur vie à la grande cause qui vient de triompher ! La liste est enfin close aujourd’hui !</br>
Qu'ils soient loués, qu'ils soient fêtés, qu'ils soient magnifiés, en même temps que les étudiants américains, anglais, belges, italiens, grecs, portugais, roumains et serbes ! Nous les réunissons tous dans un même hommage d'admiration et de reconnaissance !</br>
Grâce à eux, grâce aux admirables armées de la France et de l'Entente, le droit est encore debout, et il domine le monde ! Grâce à eux, le péril qui menaçait les principes que nous enseignons ici, a été écarté !</br>
Qu'aurait pu signifier en effet la victoire de ces nouveaux Barbares, descendants de ceux qui brisèrent l'élan d'une grande civilisation et firent sur l'Europe une nuit de plusieurs siècles ?</br>
Cette victoire aurait signifié le triomphe de la force brutale, elle aurait amené l'abaissement de la justice au rôle de servante de cette force, elle aurait renversé les idées juridiques les plus sacrées et les plus nécessaires à la civilisation ; le respect de la parole donnée, la protection des faibles, elle aurait enfin amené fatalement la disparition de la liberté, de cette liberté qui ennoblit la vie des hommes ici-bas !</br>
Grâce à nos admirables armées, grâce aux soldats qui sont venus se ranger à nos côtés, et dont on ne dira jamais assez le courage, l'abnégation, l'endurance, et dont ceux que nous pleurons aujourd'hui que nous pleurerons toujours, partagent le triomphe, grâce à la science militaire de leurs chefs et en particulier de celui qui a fait revivre, pour la France, cette gloire militaire qu'elle ne se consolait pas d'avoir perdue, grâce enfin à ce grand Français qui, malgré ses 77 ans, a montré plus de jeunesse, plus de virilité, plus de volonté créatrice d'énergie que les plus jeunes, le Droit sort vainqueur de cette lutte. Il en sort non seulement raffermi et sanctifié dans ses immortels principes, mais rajeuni, renouvelé, prêt à prendre un puissant essor dans la voie de nouveaux progrès, à la veille d'organiser et de protéger de sa forte ossature les rapports entre les peuples jusqu’ici […] »</p>](/wp-content/uploads/cache/2018/10/Discours-de-Larnaude-durant-cérémonie-du-14-novembre-1918-Séance-assemblée-26-novembre-1918-AJ-16-1799_2/3027323566.jpg)
Abschrift : « […] ce jour-là, à ces martyrs du droit, une palme de bronze, symbole de leur sacrifice et de leur gloire ! Le 11 septembre 1916, leurs camarades roumains renouvelaient cet hommage, en entrant eux-mêmes dans la sainte croisade de la liberté. Aujourd'hui, au lendemain de l'armistice, qui consacre la plus éclatante victoire du droit que l'humanité ait encore vue, nous venons de nouveau, professeurs et étudiants, dire à ces vaillants, dont les ombres augustes et magnifiques flottent au-dessus de nos têtes, notre douleur de ne plus les voir parmi nous ; nous venons dire à leur familles la part que nous prenons à leur deuil ; nous venons dire aussi notre orgueil de savoir qu'ils ont collaboré à ce triomphe du droit et de la liberté. 430 étudiants de la faculté ont fait, pendant ces quatre années, l'offrande de leur vie à la grande cause qui vient de triompher ! La liste est enfin close aujourd’hui ! Qu'ils soient loués, qu'ils soient fêtés, qu'ils soient magnifiés, en même temps que les étudiants américains, anglais, belges, italiens, grecs, portugais, roumains et serbes ! Nous les réunissons tous dans un même hommage d'admiration et de reconnaissance ! Grâce à eux, grâce aux admirables armées de la France et de l'Entente, le droit est encore debout, et il domine le monde ! Grâce à eux, le péril qui menaçait les principes que nous enseignons ici, a été écarté ! Qu'aurait pu signifier en effet la victoire de ces nouveaux Barbares, descendants de ceux qui brisèrent l'élan d'une grande civilisation et firent sur l'Europe une nuit de plusieurs siècles ? Cette victoire aurait signifié le triomphe de la force brutale, elle aurait amené l'abaissement de la justice au rôle de servante de cette force, elle aurait renversé les idées juridiques les plus sacrées et les plus nécessaires à la civilisation ; le respect de la parole donnée, la protection des faibles, elle aurait enfin amené fatalement la disparition de la liberté, de cette liberté qui ennoblit la vie des hommes ici-bas ! Grâce à nos admirables armées, grâce aux soldats qui sont venus se ranger à nos côtés, et dont on ne dira jamais assez le courage, l'abnégation, l'endurance, et dont ceux que nous pleurons aujourd'hui que nous pleurerons toujours, partagent le triomphe, grâce à la science militaire de leurs chefs et en particulier de celui qui a fait revivre, pour la France, cette gloire militaire qu'elle ne se consolait pas d'avoir perdue, grâce enfin à ce grand Français qui, malgré ses 77 ans, a montré plus de jeunesse, plus de virilité, plus de volonté créatrice d'énergie que les plus jeunes, le Droit sort vainqueur de cette lutte. Il en sort non seulement raffermi et sanctifié dans ses immortels principes, mais rajeuni, renouvelé, prêt à prendre un puissant essor dans la voie de nouveaux progrès, à la veille d'organiser et de protéger de sa forte ossature les rapports entre les peuples jusqu’ici […] »
![<em>Source Archives nationales, cote AJ/16/1799.</em></br></br><p style="font-size: 0.95em;">
Abschrift : « […] exposés à la cynique et désolante domination de la force.</br>Ce droit-là, Messieurs, le droit que nous enseignerons demain, ce droit où la force sera enfin au service de la justice, ce droit que nous n'entrevoyions que dans un avenir à la fois lointain et incertain, il est là, à notre portée.<br>Et c'est la France, qui de son verbe clair et vibrant, annonciateur déjà en 1789, des Droits de l'Homme et du Citoyen, enseignera encore au monde ce droit nouveau des peuples enfin libres et maîtres de leurs destinées ! Grande date, Messieurs, la plus grande peut-être de l'histoire de l'humanité ! Grande victoire, mais qui nous crée à tous, dans cette noble et vieille maison, sanctuaire et asile du droit, qui nous crée à tous, professeurs et étudiants, de nouveaux devoirs !</br> Haussons-nous jusqu'à eux ! Et dans cette carrière nouvelle qui s'orne devant nous, dans cette ascension vers plus de vérité, vers plus de lumière, vers plus de justice, pour les peuples comme pour les individus, n'oublions jamais nos morts glorieux !</br>Car c'est de leur sacrifice, c'est de leur sang généreusement versé, que va naître cette humanité nouvelle dont la Charte sera apportée au monde par la France immortelle toujours soldat du droit, toujours soldat de la liberté, toujours soldat de l'impérissable idéal ! »</p>](/wp-content/uploads/cache/2018/10/Discours-de-Larnaude-durant-cérémonie-du-14-novembre-1918-Séance-assemblée-26-novembre-1918-AJ-16-1799_3/3320723875.jpg)
Abschrift : « […] exposés à la cynique et désolante domination de la force.Ce droit-là, Messieurs, le droit que nous enseignerons demain, ce droit où la force sera enfin au service de la justice, ce droit que nous n'entrevoyions que dans un avenir à la fois lointain et incertain, il est là, à notre portée.
Et c'est la France, qui de son verbe clair et vibrant, annonciateur déjà en 1789, des Droits de l'Homme et du Citoyen, enseignera encore au monde ce droit nouveau des peuples enfin libres et maîtres de leurs destinées ! Grande date, Messieurs, la plus grande peut-être de l'histoire de l'humanité ! Grande victoire, mais qui nous crée à tous, dans cette noble et vieille maison, sanctuaire et asile du droit, qui nous crée à tous, professeurs et étudiants, de nouveaux devoirs ! Haussons-nous jusqu'à eux ! Et dans cette carrière nouvelle qui s'orne devant nous, dans cette ascension vers plus de vérité, vers plus de lumière, vers plus de justice, pour les peuples comme pour les individus, n'oublions jamais nos morts glorieux !Car c'est de leur sacrifice, c'est de leur sang généreusement versé, que va naître cette humanité nouvelle dont la Charte sera apportée au monde par la France immortelle toujours soldat du droit, toujours soldat de la liberté, toujours soldat de l'impérissable idéal ! »
![<em>Archives nationales, cote AJ/16/1799.</em></br></br><strong>
Da die Dekanatswahlen aufgrund des Krieges verschoben werden mussten, wurde Ferdinand Larnaude, der mit Wirkung vom 1. November 1913 ernannt worden war, während der gesamten Kriegszeit in seinem Amt belassen. Am 1. Juni 1919 wurde er in Anerkennung seiner Rolle bei der Verteidigung der Institution von seinen Kollegen für weitere drei Jahre wiedergewählt. Im Namen seiner Kollegen sprach Le Poittevin die von allen geäußerte Dankbarkeit für ihren Dekan aus. Ferdinand Larnaude gibt einen Rückblick auf seine Amtszeit.</strong>
</br></br><p style="font-size: 0.95em;">
Abschrift : « Vu l'article 31 du décret du 28 décembre 1885,</br>Arrête :</br>M. Larnaude, professeur de droit public général à la Faculté de Droit de l'Université de Paris, est nommé, pour trois ans, à date du 1<sup>er</sup> juin, Doyen de ladite Faculté.</br>Fait à Paris, le 2 juin 1919</br>Signé : Laferre.</br>M. Le Poittevin prononce les paroles suivantes :</br>Mon cher Doyen,</br>C’est la deuxième fois que j'ai l'honneur de vous installer dans vos fonctions. Lorsque vous avez pris possession du décanat au mois de novembre 1913, nous ne pouvions penser aux terribles épreuves qui devaient survenir et qui, pendant de longues années, ont causé tant de maux et de deuils, avant de se terminer par le triomphe de nos armes, de la France et du droit.</br>Tout ce temps a été pour vous, dans votre administration de Doyen, rempli de difficultés, soit que, surtout en 1914, restant en permanence à l'École, vous avez du pourvoir aux dangers qui paraissaient alors si redoutables de destruction, – soit que souvent aux prises avec des complications multiples et des embarras financiers vous ayez pu assurer la continuation des services, – soit enfin que vous ayez pris soin de maintenir et de développer l'influence de la Faculté, comme nous en avions encore tout récemment la preuve avec les étudiants américains : ils emporteront des leçons de nos Maîtres un souvenir qui sera fécond dans leur pays.</br>Le vote de présentation pour le renouvellement de votre Décanat a été l'éloquente expression de la reconnaissance et de la confiance de vos collègues.</br>Continuez donc, mon cher Doyen, en recevant nos remerciements et nos vœux, cette administration de notre Maison qui va vous demander avec votre même zèle des préoccupations incessantes, dans ces temps nouveaux où le monde semble chercher péniblement un équilibre social, mais où il faut que le Droit guide les réformes possibles et que la France, dans l'union souhaitable de tous, donne l'inspiration, l'exemple et l'enseignement de la Justice.</br>En vertu de l'arrêté ministériel du 7 juin 1914, je vous déclare installé dans vos fonctions. Veuillez, je vous prie, mon cher Doyen, reprendre votre place accoutumée à la Présidence de notre Assemblée.</br>Après ce discours, M. Le Poittevin déclare M. Larnaude installé dans ses fonctions et l'invite à prendre la présidence de l'Assemblée.</br>M. Larnaude prend la présidence et prononce le discours suivant : […] »</p>](/wp-content/uploads/cache/2018/10/Discours-de-Le-Poittevin-et-Larnaude-au-renouvellement-du-décanat-Registre-assemblée-faculté-séance-du-23-juin-1919-AJ-16-1799/2377058349.jpg)
Abschrift : « Vu l'article 31 du décret du 28 décembre 1885,Arrête :M. Larnaude, professeur de droit public général à la Faculté de Droit de l'Université de Paris, est nommé, pour trois ans, à date du 1er juin, Doyen de ladite Faculté.Fait à Paris, le 2 juin 1919Signé : Laferre.M. Le Poittevin prononce les paroles suivantes :Mon cher Doyen,C’est la deuxième fois que j'ai l'honneur de vous installer dans vos fonctions. Lorsque vous avez pris possession du décanat au mois de novembre 1913, nous ne pouvions penser aux terribles épreuves qui devaient survenir et qui, pendant de longues années, ont causé tant de maux et de deuils, avant de se terminer par le triomphe de nos armes, de la France et du droit.Tout ce temps a été pour vous, dans votre administration de Doyen, rempli de difficultés, soit que, surtout en 1914, restant en permanence à l'École, vous avez du pourvoir aux dangers qui paraissaient alors si redoutables de destruction, – soit que souvent aux prises avec des complications multiples et des embarras financiers vous ayez pu assurer la continuation des services, – soit enfin que vous ayez pris soin de maintenir et de développer l'influence de la Faculté, comme nous en avions encore tout récemment la preuve avec les étudiants américains : ils emporteront des leçons de nos Maîtres un souvenir qui sera fécond dans leur pays.Le vote de présentation pour le renouvellement de votre Décanat a été l'éloquente expression de la reconnaissance et de la confiance de vos collègues.Continuez donc, mon cher Doyen, en recevant nos remerciements et nos vœux, cette administration de notre Maison qui va vous demander avec votre même zèle des préoccupations incessantes, dans ces temps nouveaux où le monde semble chercher péniblement un équilibre social, mais où il faut que le Droit guide les réformes possibles et que la France, dans l'union souhaitable de tous, donne l'inspiration, l'exemple et l'enseignement de la Justice.En vertu de l'arrêté ministériel du 7 juin 1914, je vous déclare installé dans vos fonctions. Veuillez, je vous prie, mon cher Doyen, reprendre votre place accoutumée à la Présidence de notre Assemblée.Après ce discours, M. Le Poittevin déclare M. Larnaude installé dans ses fonctions et l'invite à prendre la présidence de l'Assemblée.M. Larnaude prend la présidence et prononce le discours suivant : […] »
![<em>Archives nationales, cote AJ/16/1799.</em></br></br><p style="font-size: 0.95em;">
Abschrift : « ‘Je suis profondément reconnaissant du nouveau témoignage de confiance que vous m'avez donné en me proposant encore par un nombre aussi important de voix au choix de M. le Ministre pour les fonctions de Doyen. Ce témoignage m'a été d'autant plus précieux qu'il est pour un certain nombre d'années, celles qui se sont écoulées depuis 1916, une approbation du passé ! Et de quel passé ! Que d'événements tragiques, que de deuils, que d'anxiétés mais aussi que d'espérances enfin réalisées depuis le 1<sup>er</sup> août 1914 jusqu'à cette date inoubliable du 11 novembre 1918 !</br>Pendant ces années de guerre, où tous nos nerfs étaient tendus, la Faculté de Droit a eu comme tous les organes de la vie nationale, une vie mouvementée. Les exercices ont été exposés aux dangers les plus graves. Jamais elle n'a faibli. Jamais elle n'a interrompu ses travaux, même sous les menaces du bombardement. Et aucune faiblesse, je le proclame avec fierté, ne s'est révélée, ni parmi les professeurs, ni parmi les étudiants ni dans son personnel administratif.</br>En ce qui me concerne, j'ai taché non seulement d'assurer, dans la mesure du possible, la protection matérielle de ses bâtiments et de ses collections, ainsi que la continuité de ses travaux, mais je me suis cru obligé de me faire entendre, en son nom, dans toutes les circonstances qui m'ont paru le demander. Ne sommes nous pas un des principaux organes du droit dans le pays et dans le monde et ne devions nous pas protester de toutes nos forces contre le cynisme provocateur d'ennemis qui le bafouaient et le violaient chaque jour ? Toutes les fois que l'occasion s'en est présentée, j'ai fait entendre en son nom le cri de la justice violée et du Droit inconnu ! Puissé-je avoir été l'interprète fidèle de votre pensée et de vos sentiments !</br>Aujourd'hui qu'une victoire éclatante est venu couronner l'admirable courage de nos soldats et la science de leurs chefs, la vie va redevenir normale dans la Faculté. Nous allons revoir toujours plus nombreux nos chers étudiants. Hélas ! Il en est que nous ne retrouverons pas, car ils ont versé pour la Patrie leur sang de héros !</br>Nous ne les glorifierons jamais assez !</br>De graves devoirs vont peser sur nous. Il faut d'abord liquider le passé, tâche lourde mais surtout délicate, dans laquelle tout en maintenant les justes exigences d'un minimum de savoir que nos diplômes ne doivent pas attester s'il n'existe pas, nous ne devons pas cependant méconnaître la reconnaissance que la France doit à ceux qui pendant quatre ans, et plus, interrompant leurs études, ont mis leur vie, leur santé, leur intelligence au service du pays !</br>Mais nous avons aussi à nous préoccuper de l'avenir.</br>Cette guerre va nécessairement constituer un tournant capital dans l'histoire du monde, et par conséquent nécessiter des changements profonds dans la vie économique, politique et intellectuelle de tous les pays. Une rénovation ou tout au moins une adaptation de tous les organes de […] »</p>](/wp-content/uploads/cache/2018/10/Discours-de-Le-Poittevin-et-Larnaude-au-renouvellement-du-décanat-Registre-assemblée-faculté-séance-du-23-juin-1919-AJ-16-1799_2/3980568882.jpg)
Abschrift : « ‘Je suis profondément reconnaissant du nouveau témoignage de confiance que vous m'avez donné en me proposant encore par un nombre aussi important de voix au choix de M. le Ministre pour les fonctions de Doyen. Ce témoignage m'a été d'autant plus précieux qu'il est pour un certain nombre d'années, celles qui se sont écoulées depuis 1916, une approbation du passé ! Et de quel passé ! Que d'événements tragiques, que de deuils, que d'anxiétés mais aussi que d'espérances enfin réalisées depuis le 1er août 1914 jusqu'à cette date inoubliable du 11 novembre 1918 !Pendant ces années de guerre, où tous nos nerfs étaient tendus, la Faculté de Droit a eu comme tous les organes de la vie nationale, une vie mouvementée. Les exercices ont été exposés aux dangers les plus graves. Jamais elle n'a faibli. Jamais elle n'a interrompu ses travaux, même sous les menaces du bombardement. Et aucune faiblesse, je le proclame avec fierté, ne s'est révélée, ni parmi les professeurs, ni parmi les étudiants ni dans son personnel administratif.En ce qui me concerne, j'ai taché non seulement d'assurer, dans la mesure du possible, la protection matérielle de ses bâtiments et de ses collections, ainsi que la continuité de ses travaux, mais je me suis cru obligé de me faire entendre, en son nom, dans toutes les circonstances qui m'ont paru le demander. Ne sommes nous pas un des principaux organes du droit dans le pays et dans le monde et ne devions nous pas protester de toutes nos forces contre le cynisme provocateur d'ennemis qui le bafouaient et le violaient chaque jour ? Toutes les fois que l'occasion s'en est présentée, j'ai fait entendre en son nom le cri de la justice violée et du Droit inconnu ! Puissé-je avoir été l'interprète fidèle de votre pensée et de vos sentiments !Aujourd'hui qu'une victoire éclatante est venu couronner l'admirable courage de nos soldats et la science de leurs chefs, la vie va redevenir normale dans la Faculté. Nous allons revoir toujours plus nombreux nos chers étudiants. Hélas ! Il en est que nous ne retrouverons pas, car ils ont versé pour la Patrie leur sang de héros !Nous ne les glorifierons jamais assez !De graves devoirs vont peser sur nous. Il faut d'abord liquider le passé, tâche lourde mais surtout délicate, dans laquelle tout en maintenant les justes exigences d'un minimum de savoir que nos diplômes ne doivent pas attester s'il n'existe pas, nous ne devons pas cependant méconnaître la reconnaissance que la France doit à ceux qui pendant quatre ans, et plus, interrompant leurs études, ont mis leur vie, leur santé, leur intelligence au service du pays !Mais nous avons aussi à nous préoccuper de l'avenir.Cette guerre va nécessairement constituer un tournant capital dans l'histoire du monde, et par conséquent nécessiter des changements profonds dans la vie économique, politique et intellectuelle de tous les pays. Une rénovation ou tout au moins une adaptation de tous les organes de […] »
![<em>Archives nationales, cote AJ/16/1799.</em></br></br><p style="font-size: 0.95em;">
Abschrift : « […] l'État aux conditions nouvelles qui sont en gestation à l'heure actuelle vont s'imposer à bref délai. Les études de droit n'échappent pas à cette nécessité. Des changements s'y préparaient déjà avant la guerre, d'autres vont s'imposer qui ne peuvent encore être qu'incomplètement entrevus. La Faculté de Droit ne reculera devant aucun des devoirs nouveaux qui pourraient surgir devant elle, quels qu'ils soient ! Nous sommes avant tout les serviteurs du pays et la noble et vieille maison où nous avons le grand honneur de collaborer à l'œuvre importante de l'enseignement public du Droit et des sciences politiques peut, je crois pouvoir le dire en votre nom à tous, compter sur nous.’</br>Le procès verbal de la précédente séance est lu et adopté. »</p>](/wp-content/uploads/cache/2018/10/Discours-de-Le-Poittevin-et-Larnaude-au-renouvellement-du-décanat-Registre-assemblée-faculté-séance-du-23-juin-1919-AJ-16-1799_3-2/2771355472.jpg)
Abschrift : « […] l'État aux conditions nouvelles qui sont en gestation à l'heure actuelle vont s'imposer à bref délai. Les études de droit n'échappent pas à cette nécessité. Des changements s'y préparaient déjà avant la guerre, d'autres vont s'imposer qui ne peuvent encore être qu'incomplètement entrevus. La Faculté de Droit ne reculera devant aucun des devoirs nouveaux qui pourraient surgir devant elle, quels qu'ils soient ! Nous sommes avant tout les serviteurs du pays et la noble et vieille maison où nous avons le grand honneur de collaborer à l'œuvre importante de l'enseignement public du Droit et des sciences politiques peut, je crois pouvoir le dire en votre nom à tous, compter sur nous.’Le procès verbal de la précédente séance est lu et adopté. »


Maurice Hauriou und Toulouse






![<em>Source Archives Université Toulouse 1-Capitole, Registres patrimoniaux, 2Z2-16 (1908-1924).</em></br></br>
<strong>Das Beschlussbuch der Versammlung und des Rates der Fakultät gibt die gesamte Rede des Dekans Hauriou wieder. Dieser zieht einem ersten Überblick und will seinen Studenten den zukünftigen Weg weisen, indem er zu einer "moralischen Ordnung" aufruft.</strong>
</br></br><p style="font-size: 0.95em;">
Abschrift : « Mercredi, 13 novembre 1918</br>Le mercredi matin, 13 novembre, à la première rentrée de cours après la congé donné à tous les établissements d'enseignement à l'occasion de l'armistice, M. le doyen Hauriou a réuni les étudiants et leur a adressé l'allocution suivante :</br>Messieurs, Bien des fois déjà, dans des heures anxieuses, je suis venu m'entretenir avec vous pour réconforter votre courage. Je viens cette fois-ci pour partager votre joie.</br>La victoire finale, en laquelle si souvent la France avait affirmé sa foi, est arrivée. C'est à peine si l'on ose y croire et cependant cela est vrai.</br>Dans l'essaim tumultueux des sentiments et des idées qu'éveille en vous cet événement formidable, je voudrais choisir quelques sentiments et quelques réflexions qui s'imposent particulièrement à nous dans l'enceinte de cette Faculté de Droit.</br>D'abord, nous devons nous retourner et nous incliner pieusement vers les sacrifices accomplis. Les sacrifices accomplis ce sont nos morts, nos disparus, nos mutilés, nos prisonniers et ce sont aussi nos fantassins, nos cavaliers, nos artilleurs qui ont peiné jusqu'au bout. 150 à 200 de nos anciens camarades sont tombés au Champ d'Honneur. Nous aurons à recueillir leurs noms, leurs faits et gestes, leurs citations et à les auréoler de leur gloire dans un Livre d'Or.</br>Il faut nous souvenir aussi que vos camarades des classes anciennes, antérieures à 1914, auront fait dans leur vie 6, 7 et 8 années de service ; que vos camarades des jeunes classes 1915, 1916, 1917, 1918 et 1919 ont été jetés dans la fournaise à dix-huit ans et que, pour eux aussi, le service sera prolongé.</br>Pour être déjà du passé et pour avoir été faits à la Patrie, ces sacrifices n'en sont pas moins grands. Rendons-nous compte que c'est une génération entière qui s'est sacrifiée pour nous, pour que nous ne devenions pas l'esclave de l'Allemand, pour que la France continue d'être. Soyons éternellement reconnaissants à cette génération d'hommes et d'enfants héroïques !</br>Cet hommage rendu au passé, regardons maintenant l'avenir de paix qui se lève devant nous. Tout le monde s'accorde à reconnaître qu'il ne sera pas sans nuages, sans difficulté ni sans labeur. Toute la vie française est à refaire ! Il n'y a pas seulement des villes dévastées à reconstruire, des champs à restaurer, des industries à réorganiser, il y a aussi des institutions à modifier et, surtout, des mœurs et des habitudes d'esprit à réformer. C'est un immense <em>risorgimento</em> à accomplir !</br>Déjà pour les esprits clairvoyants, cet effort de réorganisation nationale eût été nécessaire après les événements de 1870 et ce n'est pas pour avoir été ajournés pendant 50 ans qu'il est devenu moins urgent, au contraire.</br>Je n'ai pas l'intention, Messieurs, de dérouler devant vous le tableau de toutes les réformes politiques ou économiques qui vont s'imposer ; je n'en finirais pas et, au surplus, nous ne sommes pas ici dans le cadre qui convient. Vous n'êtes pas encore des hommes engagés dans l'action, mais de jeunes gens qui formez vos esprits par des études théoriques. Je me bornerai donc à appeler votre attention sur les devoirs nouveaux qui s'imposent à vous dans vos études théoriques de philosophie ou de droit.</br>Je vous en prie, remontez au dilettantisme des doctrines. Ce dilettantisme, qui a régné chez nous des années 1880 à 1910, pendant trente ans, nous l'avons payé cher. C'est à sa faveur que ce sont introduites dans nos théories beaucoup trop de doctrines allemandes qui n'étaient qu'une offensive d'avant-guerre pour nous désorganiser et nous désorienter moralement.</br>Persuadez-vous bien que la distinction du bien et du mal s'applique aux doctrines aussi bien qu'aux actes et qu'il y a des doctrines exécrables. Si la police de l'État s'est reconnue incompétente dans la chasse aux mauvaises doctrines, parce qu'elle est une trop lourde machine, si elle se borne à maintenir […] »</p>](/wp-content/uploads/cache/2018/10/Séance-13-novembre-1918-feuillet-272/2623174891.jpg)
Abschrift : « Mercredi, 13 novembre 1918Le mercredi matin, 13 novembre, à la première rentrée de cours après la congé donné à tous les établissements d'enseignement à l'occasion de l'armistice, M. le doyen Hauriou a réuni les étudiants et leur a adressé l'allocution suivante :Messieurs, Bien des fois déjà, dans des heures anxieuses, je suis venu m'entretenir avec vous pour réconforter votre courage. Je viens cette fois-ci pour partager votre joie.La victoire finale, en laquelle si souvent la France avait affirmé sa foi, est arrivée. C'est à peine si l'on ose y croire et cependant cela est vrai.Dans l'essaim tumultueux des sentiments et des idées qu'éveille en vous cet événement formidable, je voudrais choisir quelques sentiments et quelques réflexions qui s'imposent particulièrement à nous dans l'enceinte de cette Faculté de Droit.D'abord, nous devons nous retourner et nous incliner pieusement vers les sacrifices accomplis. Les sacrifices accomplis ce sont nos morts, nos disparus, nos mutilés, nos prisonniers et ce sont aussi nos fantassins, nos cavaliers, nos artilleurs qui ont peiné jusqu'au bout. 150 à 200 de nos anciens camarades sont tombés au Champ d'Honneur. Nous aurons à recueillir leurs noms, leurs faits et gestes, leurs citations et à les auréoler de leur gloire dans un Livre d'Or.Il faut nous souvenir aussi que vos camarades des classes anciennes, antérieures à 1914, auront fait dans leur vie 6, 7 et 8 années de service ; que vos camarades des jeunes classes 1915, 1916, 1917, 1918 et 1919 ont été jetés dans la fournaise à dix-huit ans et que, pour eux aussi, le service sera prolongé.Pour être déjà du passé et pour avoir été faits à la Patrie, ces sacrifices n'en sont pas moins grands. Rendons-nous compte que c'est une génération entière qui s'est sacrifiée pour nous, pour que nous ne devenions pas l'esclave de l'Allemand, pour que la France continue d'être. Soyons éternellement reconnaissants à cette génération d'hommes et d'enfants héroïques !Cet hommage rendu au passé, regardons maintenant l'avenir de paix qui se lève devant nous. Tout le monde s'accorde à reconnaître qu'il ne sera pas sans nuages, sans difficulté ni sans labeur. Toute la vie française est à refaire ! Il n'y a pas seulement des villes dévastées à reconstruire, des champs à restaurer, des industries à réorganiser, il y a aussi des institutions à modifier et, surtout, des mœurs et des habitudes d'esprit à réformer. C'est un immense risorgimento à accomplir !Déjà pour les esprits clairvoyants, cet effort de réorganisation nationale eût été nécessaire après les événements de 1870 et ce n'est pas pour avoir été ajournés pendant 50 ans qu'il est devenu moins urgent, au contraire.Je n'ai pas l'intention, Messieurs, de dérouler devant vous le tableau de toutes les réformes politiques ou économiques qui vont s'imposer ; je n'en finirais pas et, au surplus, nous ne sommes pas ici dans le cadre qui convient. Vous n'êtes pas encore des hommes engagés dans l'action, mais de jeunes gens qui formez vos esprits par des études théoriques. Je me bornerai donc à appeler votre attention sur les devoirs nouveaux qui s'imposent à vous dans vos études théoriques de philosophie ou de droit.Je vous en prie, remontez au dilettantisme des doctrines. Ce dilettantisme, qui a régné chez nous des années 1880 à 1910, pendant trente ans, nous l'avons payé cher. C'est à sa faveur que ce sont introduites dans nos théories beaucoup trop de doctrines allemandes qui n'étaient qu'une offensive d'avant-guerre pour nous désorganiser et nous désorienter moralement.Persuadez-vous bien que la distinction du bien et du mal s'applique aux doctrines aussi bien qu'aux actes et qu'il y a des doctrines exécrables. Si la police de l'État s'est reconnue incompétente dans la chasse aux mauvaises doctrines, parce qu'elle est une trop lourde machine, si elle se borne à maintenir […] »
![<em>Source Archives Université Toulouse 1-Capitole, Registres patrimoniaux, 2Z2-16 (1908-1924).</em></br></br><p style="font-size: 0.95em;">
Abschrift : « […] l'ordre matériel et si elle se désintéresse de l'ordre moral, rendez-vous compte qu'il existe cependant un ordre moral, que c'est à chacun de vous à le prendre au sérieux et à s'y conformer. Le sérieux avec lequel il convient de traiter intellectuellement l'ordre moral, voilà un sentiment anglo-saxon que nous ferons bien de vous assimiler.</br>Ce n'est pas que nous ayons moins de force morale que les autres dans l'action. Ce sont les forces morales de la France qui, dans cette guerre, ont sauvé le monde. Mais nous n'avons pas suffisamment le respect intellectuel de nos forces morales. Dans notre littérature comme dans nos théories, il nous plait de les discuter et de jouer avec elles.</br>Il a fallu la crise de cette guerre pour que nous retrouvions la conviction d'un idéal absolu de justice et de moralité humaine.</br>Messieurs, ne laissez plus s'obscurcir en vous cette conviction. Comme Antée, la France a repris des forces en touchant, – déblayé par la secousse du cataclysme –, le terrain sacré de l'idéal éternel. Ne laissez pas s'affaiblir en vous cette force retrouvée de l'idéal.</br>Si les transmissions télégraphiques n'ont pas déformé sa pensée, le dernier chancelier de l'empire allemand, le prince Max de Bade, dans un message suprême à son peuple, paraît lui avoir dit, en guise de consolation, que, s'il n'a pas obtenu la victoire matérielle qu'il attendait, en revanche, il a gagné sur lui-même une victoire morale en renonçant à sa fausse conception du Droit identifié avec la Force.</br>Ainsi, le vaincu aurait avoué son erreur morale. Le vainqueur, de son côté, se félicite triomphalement d'avoir été dans la vérité.</br>Dans les séances historiques du 11 novembre, à la Chambre des Députés et au Séant, M. Clémenceau a conclu les communications de l'armistice par ces émouvantes paroles : ‘La France, hier, soldat de Dieu, aujourd'hui, soldat de l'humanité, sera toujours le soldat de l'idéal.’ Du point de vue de l'idéal de justice où M. Clémenceau s'est placé, idéal absolu et éternel, comprenez que : ‘soldat de Dieu, soldat de l'humanité, soldat de l'idéal’ cela signifie une seule et même chose car notre Dieu n'est pas le vieux Dieu allemand particulariste mais le Dieu de l'humanité et de l'idéal de l'humanité.</br>Ainsi, Messieurs, cette victoire est bien une victoire de l'idéal moral éternel. La France est bien dans le sens de la vie, elle est bien dans le sens voulu par les forces morales qui gouvernent l'espèce humaine. Votre devoir présent d'étudiants est de prendre au sérieux cette question morale, de lui faire une place d'honneur dans vos études et de commencer la reconstruction de la France par votre propre reconstruction intellectuelle.<br>Vive la France victorieuse et régénérée par la Victoire ! »</p>](/wp-content/uploads/cache/2018/10/Séance-13-novembre-1918-feuillet-273/2329870737.jpg)
Abschrift : « […] l'ordre matériel et si elle se désintéresse de l'ordre moral, rendez-vous compte qu'il existe cependant un ordre moral, que c'est à chacun de vous à le prendre au sérieux et à s'y conformer. Le sérieux avec lequel il convient de traiter intellectuellement l'ordre moral, voilà un sentiment anglo-saxon que nous ferons bien de vous assimiler.Ce n'est pas que nous ayons moins de force morale que les autres dans l'action. Ce sont les forces morales de la France qui, dans cette guerre, ont sauvé le monde. Mais nous n'avons pas suffisamment le respect intellectuel de nos forces morales. Dans notre littérature comme dans nos théories, il nous plait de les discuter et de jouer avec elles.Il a fallu la crise de cette guerre pour que nous retrouvions la conviction d'un idéal absolu de justice et de moralité humaine.Messieurs, ne laissez plus s'obscurcir en vous cette conviction. Comme Antée, la France a repris des forces en touchant, – déblayé par la secousse du cataclysme –, le terrain sacré de l'idéal éternel. Ne laissez pas s'affaiblir en vous cette force retrouvée de l'idéal.Si les transmissions télégraphiques n'ont pas déformé sa pensée, le dernier chancelier de l'empire allemand, le prince Max de Bade, dans un message suprême à son peuple, paraît lui avoir dit, en guise de consolation, que, s'il n'a pas obtenu la victoire matérielle qu'il attendait, en revanche, il a gagné sur lui-même une victoire morale en renonçant à sa fausse conception du Droit identifié avec la Force.Ainsi, le vaincu aurait avoué son erreur morale. Le vainqueur, de son côté, se félicite triomphalement d'avoir été dans la vérité.Dans les séances historiques du 11 novembre, à la Chambre des Députés et au Séant, M. Clémenceau a conclu les communications de l'armistice par ces émouvantes paroles : ‘La France, hier, soldat de Dieu, aujourd'hui, soldat de l'humanité, sera toujours le soldat de l'idéal.’ Du point de vue de l'idéal de justice où M. Clémenceau s'est placé, idéal absolu et éternel, comprenez que : ‘soldat de Dieu, soldat de l'humanité, soldat de l'idéal’ cela signifie une seule et même chose car notre Dieu n'est pas le vieux Dieu allemand particulariste mais le Dieu de l'humanité et de l'idéal de l'humanité.Ainsi, Messieurs, cette victoire est bien une victoire de l'idéal moral éternel. La France est bien dans le sens de la vie, elle est bien dans le sens voulu par les forces morales qui gouvernent l'espèce humaine. Votre devoir présent d'étudiants est de prendre au sérieux cette question morale, de lui faire une place d'honneur dans vos études et de commencer la reconstruction de la France par votre propre reconstruction intellectuelle.
Vive la France victorieuse et régénérée par la Victoire ! »


Dekane und Professoren: Figuren des juristischen Welt beziehen Stellung in der Öffentlichkeit



Abschrift : « Assemblée de la FacultéSéance du jeudi 7 juin 1917La Faculté s'est réunie aujourd'hui, à quatre heures et demie sous la présidence de Me Larnaude, doyen.Étaient présents :MM. Jobbé-Duval, Le Poittevin, Weiss, Leseur, Jay, Berthélemy, Fernand Faure, Souchon, Fournier, Capitant, Hitier, Meynial, professeurs,Rist, Joseph Barthélemy, agrégésLévy-Ullmann, chargé des fonctions d'agrégéEt Chapuis, secrétaire.Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.Communications diverses Mr le Doyen fait connaitre à l'Assemblée que les Facultés de Droit de province, ainsi que les professeurs de droit des Universités des pays alliés, italiens et anglais, ont adhéré au projet d'adresse au président W. Wilson et ont approuvé le texte. En l'absence de Mr le Doyen, Mr Le Poittevin s'est rendu auprès de l'ambassadeur des États-Unis pour lui communiquer le texte de l'adresse arrêté par la Faculté de Droit de Paris. Le texte a eu la pleine approbation de l'Ambassadeur qui a assuré à Mr Le Poittevin que le président W. Wilson serait très sensible aux sentiments exprimés par les professeurs de droit des nations alliées. L'adresse a été cablée au président et Mr le Doyen va demander à l'Ambassadeur l'autorisation de la publier dans les journaux. »








Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Digitalisiertes Dokument hier verfügbar.

Source Bibliothèque Royale de Belgique.
Nach der Eröffnung der Von-Bissing-Universität in Gent von der Besatzungsbehörden stellte sich für die belgische akademische Gemeinschaft die Frage der akademischen Neutralität in der Kriegszeit besonders akut. Sehr schnell erwies sich die Neutralität zumindest in diesem Punkt als unmöglich. Daran heben zwei verschiedene Positionen heraus. Dies erste Dokument ist ein Zeitungsartikel, der die Reaktionen der belgischen Exilregierung und die ab 1916 geplanten Sanktionen gegen Professoren, die an dieser Universität mitgearbeitet hatten, im Hinblick auf dem Kriegsende zeigt.
Source Universiteitsbibliotheek Gent – Bibliothèque de l’Université de Gand.
Bei diesem zweiten Dokument, das sich mit Stellungnahmen zur Von-Bissing-Universität befasst, handelt es sich um die Visitenkarte von Professor Labberton, der an der neuen Universität den Kurs für Naturrecht und den Kurs für internationales Recht leitet.
Ein weiterer Fall ist der von Charles Jacquier, seit 1906 Dekan der katholischen Rechtsfakultät von Lyon und ehemaliger Präsident der Anwaltskammer von Lyon. Wie dieses Dokument und die drei folgenden zeigen, engagierte er sich während des gesamten Krieges stark in der Öffentlichkeit, jedoch eher auf lokaler und regionaler Ebene. Als Mitglied der Akademie der Wissenschaften, Literatur und Künste von Lyon nutzte er diese Plattform, um die deutsche Propaganda anzuprangern.

Eine weitere Aktion: Dekan Jacquier wird zum Redner für die wichtige Versammlung am 30. Mai 1915 in Lyon ernannt, über die hier berichtet wird. Vor 4.000 bis 5.000 Menschen, die gekommen waren, um die Union sacrée zu feiern, versammelte er religiöse, zivile und militärische Würdenträger der Stadt und hielt eine Rede über die „deutsche Barbarei”, in der er erklärte, dass unter den Umständen dieses Krieges Hass eine Form der Gerechtigkeit sei.

Digitalisiertes Dokument hier einsehbar.
Die Beiträge von Charles Jacquier unterscheiden sich jedoch von denen von Ferdinand Larnaude oder Maurice Hauriou : sie greifen zwar Elemente des Krieges des Rechts auf, bieten dem Dekan aber auch die Gelegenheit, eine katholische und konservative Vision von Gesellschaft und Zivilisation zu vertreten, die in dieser Zeit besonderen Anklang findet. Sein Vortrag vom Dezember 1915 über „Die Familie und das Vaterland”, der hier wiedergegeben ist, ist ein Beispiel dafür.

Charles Jacquier setzt seine Äußerungen zum Thema Geburtenrate und deren Zusammenhang mit dem Sieg und dem Wiederaufbau Frankreichs während des gesamten Krieges fort. Hier ein Beispiel aus dem Jahr 1917.

In seiner Verteidigung Frankreichs als "älteste Tochter der Kirche" ist eines der wichtigsten Anliegen von Charles Jacquier während des gesamten Krieges das Schicksal der von den Deutschen zerstörten Kirchen und Kathedralen, die für ihn das höchste Symbol der deutschen Barbarei darstellen.
Die Dekane nehmen die allgemeine anti-deutsche Position der Öffentlichkeit ein

















