Source Archives Université Toulouse-1-Capitole, Registres patrimoniaux, 2Z2-16 (1908-1924), p. 104-108.
Alexandre Mérignhac est décédé à l'été 1927 à l'âge de 70 ans. Un hommage lui est rendu par le nouveau doyen Houques-Fourcades, ayant remplacé Maurice Hauriou, lors de la séance de rentrée de l’assemblée de la faculté de droit de Toulouse du 2 novembre. Le professeur Perreau prend également la parole et prononce le discours qu’il a donné à l’occasion des obsèques.
Transcription : « Séance du 2 novembre 1927L'an mil neuf cent vingt sept et le mardi, 2 novembre, à quatorze heures trente l'Assemblée de la Faculté s'est réunie dans le local ordinaire [pour ?] une séance sur la convocation et sous la présidence de M. Houcques-Fourcade, doyen.
Étaient présents : MM. Houcques-Fourcade, Declareuil, Thomas, Cézar-Bru, Magnol, Perreau, Dugarçon, Maury, Plassard, Hauriou (A.), James [?], Devaux et Boyer.Excusés : MM. Fraissaingea, Hauriou, doyen honoraire, et
Délégué comme chargé de cours à Paris : M. Fliniaux. Détaché à l'Université du Caire : M. Ricol.M. Boyer, délégué, pour remplir les fonctions de secrétaire, donne lecture du procès-verbal à la dernière réunion. Ce procès-verbal, mis aux voix, est adopté.Ordre du jour :Éloge funèbre de M. MérignhacMr le Doyen prononce l'éloge funèbre de M. Mérignhac, prof. de droit international public décédé le 22 juillet 1927. Il adresse à sa veuve et à ses enfants les condoléances de la Faculté. Les obsèques de M. Mérignhac ayant eu lieu après la fin des travaux de la Faculté, une partie des professeurs n'a pu s'y rendre ayant quitté déjà Toulouse. Monsieur le professeur Perreau comme délégué au conseil de l'Université a prononcé le discours suivant :Quand, il y a des années, juste à pareil jour, nous nous présentions pour la 1ère fois, sur le seuil de Mr le Professeur Mérignhac, à la fois si plein de vie, d'entrain et de feu, nous n'aurions jamais cru, si on nous l'eût affirmé, que nous serions bientôt chargé du douloureux honneur de prendre la parole dans cette triste cérémonie, au nom de la Faculté de Droit de Toulouse, suppléant notre Doyen retenu loin de nous par son état de santé ! Alexandre Giraud Jacques Antoine Mérignhac, naquit à Toulouse le 21 janvier 1857. Fils d'un jurisconsulte renommé, dont il devait un jour devenir le collaborateur assidu, en publiant d'importants ouvrages, et qui durant toute sa longue vie, lui donna toujours l'exemple d'un labeur constant et fécond, il se sentit de bonne heure attiré vers les études de droit.Brillant élève de notre École, il prenait part en 1884 au concours d'agrégation de nos Facultés où comme nous le disait naguère un de ses plus distingués concurrents (notre maître Adrien Laborde) certaines de ses épreuves furent extrêmement remarquées. À peine âgé de 27 ans, le 12 mai 1884 institué agrégé, il fut attaché successivement aux Facultés de Bordeaux, d'Aix, pour revenir à Toulouse, presque à cette date, le 20 juillet 1887. C'est là que, pendant 40 ans, devait par une incessante activité, se développer et s'épanouir sa science et son talent. Il y fut d'abord chargé d'enseigner le droit international public et privé, confié régulièrement à cette époque à un seul maître, et se spécialisa un peu plus tard dans celui de droit international public, dont il obtient la chaire le 4 avril 1892, où il acquit très vite une grande et légitime réputation. À cette tâche déjà lourde, il devait bientôt joindre, le considérant comme son complément naturel, le cours complètement nouveau d'Économie et Législation coloniales.En outre, pendant 20 ans, il organise soit à la Faculté de Droit, soit à l'Artillerie, soit au Cercle Militaire, des séries de conférences relatives aux questions de droit international qu'il était le plus utile de faire connaître aux officiers et surtout aux fonctionnaires de l'Intendance. Nous avons eu l'heureuse chance d'assister à plusieurs d'entre elles et d'en constater la valeur et le succès.Au reste, ses leçons bourrées d'idées, ses conceptions souvent originales attiraient en foule et captivaient ses auditeurs. Sa parole était abondante et son débit rapide, craignant sans cesse de ne pouvoir exprimer toutes les pensées affluant en masse dans son cerveau. Mais sa voix était si claire et si sonore que nul, dans nos plus grands amphithéâtres, n'en perdait un seul mot, et même, elle était si fortement timbrée que des étrangers l'écoutant déclaraient un jour le suivre mieux que tout autre.Quoiqu'il prit part à maint congrès, qu'il écrivit dans une douzaine de revues, si ses articles, toujours sur des questions délicates les plus à l'ordre du jour, attiraient l'attention, il tenait avec soin son enseignement au courant des conceptions les plus récentes et des dernières publications.Mettant volontiers sa belle érudition au service de ses disciples, il inspira et dirigea la rédaction d'un grand nombre de thèses, choisissant adroitement les sujets d'après l'aptitude et les vues d'avenir des étudiants sollicitant ses conseils. Un tel, de notre connaissance, voulant entrer dans la magistrature, il indiquait un sujet pratique de droit civil, à tel autre, aspirant au professorat, une question agitant les notions les plus ardues de législation comparée. Très suffisante pour tout autre, ses occupations n'épuisaient pas son activité débordante, il commença dès les premiers mois de sa carrière, à publier, outre d'innombrables brochures souvent étoffées, douze ou quinze gros ouvrages, certains en plusieurs volumes et dont la plupart eurent plusieurs éditions. […] »