Dans Les somnambules. Été 1914 : comment l’Europe a marché vers la guerre (Flammarion, 2013), l’historien Christopher Clark montre comment les hommes d’État européens, chacun pris dans des stratégies politiques et institutionnelles unilatéralement rationnelles, ont été collectivement entraînés dans la Grande Guerre. En transposant la perspective, on peut se demander si, dans la détermination des causes de l’engagement des facultés dans la guerre du droit, ce sont les hommes qui ont entraîné les institutions ou les institutions qui ont mobilisé leurs membres ? Le mouvement apparaissant en définitive largement circulaire, cette partie s’intéresse à l’implication de cette catégorie spécifique de la population en guerre que sont les professeurs de droit et leurs étudiants (français et étrangers, hommes et femmes) pour mettre au jour la variété des engagements, collectifs et individuels, à l’effort de guerre de la nation mobilisée ; y compris avec le problème plus spécifique de savoir que faire lorsque les institutions de ces professeurs et étudiants ne peuvent plus fonctionner, comme c’est le cas pour les facultés belges.